Les Etats-Unis sont le seul pays au monde qui pourrait aider l'Ukraine à sortir du conflit sanglant dans lequel elle se trouve. Sans armes américaines, Vladimir Poutine ne peut pas être arrêté.
Si Donald Trump remporte les élections américaines le 5 novembre, l'Oncle Sam se distancierait considérablement de Kiev. L'Ukraine serait au bord du gouffre. Cela semble certain depuis que Donald Trump a choisi J.D. Vance comme vice-président en cas d'arrivée au pouvoir. Celui-ci est pour une ligne dure vis-à-vis de l'Ukraine. Le sénateur de l'Ohio est tellement anti-ukrainien qu'il a même déjà son propre surnom dans le pays en guerre.
Les Ukrainiens le surnomment Vatnik Vance, en référence au terme russe désignant les partisans aveugles de la propagande de Poutine. Cela lui importe peu, lui qui avait déclaré dès le début du conflit en 2022: «Franchement, je me fiche de ce qui peut arriver à l'Ukraine.»
Ces trois issues de la guerre sont encore envisageables
En principe, trois issues sont encore envisageables pour cette guerre. Premièrement, une victoire militaire de l'Ukraine. Après deux ans et demi de batailles coûteuses et l'échec de la contre-offensive de l'été dernier, celle-ci semble désormais presque exclue - du moins tant que l'Occident n'augmente pas massivement ses livraisons d'armes et que l'Ukraine ne parvient pas à maîtriser son problème de mobilisation.
Deuxièmement, une victoire militaire des Russes. Cela ne parait pas non plus réaliste malgré les centaines de milliers de soldats russes tués et les menaces nucléaires permanentes. Dernièrement, pendant plusieurs mois, les Russes n'ont pas réussi à faire des progrès qui dépassent la conquête de quelques petits villages.
Troisièmement, et ce scénario est actuellement le plus probable, des négociations avec la Russie qui aboutissent à ce que l'Ukraine cède de larges parties des territoires perdus et s'engage à rester un pays neutre (sans ambitions pour l'OTAN et l'UE).
Pour Trump, une fin rapide de la guerre - aussi défavorable et menaçante soit-elle pour l'Ukraine - lui permettrait de se mettre rapidement en scène en tant que faiseur de paix et leader mondial respecté.
J.D. Vance montre patte blanche à l'Europe
A plusieurs reprises, Donald Trump s'est vanté de pouvoir résoudre le conflit en 24 heures. Difficile de savoir comment, mais une chose est sûre: Trump est tout à fait disposé à laisser les petits détails de la politique à son équipe. En tant que président, il a déjà chargé son gendre Jared Kushner de résoudre le conflit au Proche-Orient. Il est donc tout à fait envisageable qu'il laisse son numéro 2 régler les détails techniques de la guerre en Ukraine.
En tant que sénateur, J.D. Vance a systématiquement voté contre les aides financières et militaires américaines à l'Ukraine. Ce n'est pas parce que Poutine est un «mauvais gars» que les États-Unis doivent jeter leurs propres intérêts nationaux par-dessus bord, a-t-il encore souligné lors de la conférence sur la sécurité de Munich en février dernier. L'Amérique ne peut tout simplement pas se permettre de mener simultanément une guerre au Proche-Orient, en Europe de l'Est et peut-être bientôt en Asie de l'Est.
Dans un podcast du républicain pur et dur Steve Bannon, J.D. Vance a récemment qualifié le soutien américain à l'Ukraine de fétichisme. La région du Pacifique sera bien plus importante dans un avenir proche, souligne l'ex-investisseur technologique - en pensant bien sûr au bastion des semi-conducteurs qu'est Taïwan, siège du plus important fabricant de puces au monde, TSMC. L'Europe, en revanche, ne doit plus compter «sur la générosité des contribuables américains».
Boris Johnson va-t-il convertir Trump?
En Ukraine, ce ton suscite déjà une grande inquiétude. Le ministre de la Défense Rustem Umerov a certes encore souligné cette semaine lors d'une conférence sur la sécurité qu'une solution serait trouvée, quel que soit le gouvernement de Washington. Yevhen Semekjin, expert ukrainien du Donbass, déclare toutefois à Blick: «Les Ukrainiens se préparent à des négociations. Nous nous attendons à ce que le conflit soit gelé et que la Russie conserve les territoires conquis.» Selon lui, la peur de cette situation instable est perceptible dans toute l'Ukraine.
Il reste un espoir pour Kiev. Donald Trump et J.D. Vance sont tous deux des girouettes politiques. Le premier a complètement changé d'avis à plusieurs reprises, par exemple en ce qui concerne le droit à l'avortement. Le second a un jour traité le premier d'«Hitler américain», avant de passer de l'autre côté de la force.
Il est donc tout à fait envisageable que les deux hommes changent également d'avis sur l'Ukraine. Il existe déjà un indice en ce sens: Boris Johnson, ex-Premier ministre britannique et défenseur le plus bruyant d'une Ukraine libre à l'Ouest, a rendu visite hier à Donald Trump à Milwaukee. Une rencontre constructive?