Ramzan Kadyrov, le chef de la république tchétchène, a longtemps été l'homme de confiance de Vladimir Poutine pour gérer des tâches impopulaires et brutales, notamment pour maintenir sa région dans le giron de la Russie. Parallèlement, il ne cesse de fournir à Poutine des soldats et des armes pour sa guerre en Ukraine.
En retour, Kadyrov bénéficie de juteuses récompenses comprenant de grandes libertés personnelles et des garanties de sécurité. Une nouvelle enquête du «Wall Street Journal» (WSJ) montrent que Ramzan Kadyrov profite également financièrement de l'invasion russe de l'Ukraine. C'est surtout dans l'ancienne métropole industrielle ukrainienne de Marioupol que l'allié de Poutine s'enrichit à vitesse grand V.
Extraction de métaux, deals avec des entreprises russes, expédition.
Autrefois un centre industriel prospère, la ville située au bord de la mer Noire semble être à la merci de l'autocrate tchétchène. Au début de la guerre d'agression, les troupes russes ont détruit la quasi-totalité de la métropole. La ville n'est plus que ruines. Mais dans les deux aciéries Azovstal et Ilitch, les amis de Poutine ont encore de quoi s'enrichir.
Les usines, détruites ou gravement endommagées par les troupes russes lors de l'invasion, sont aujourd'hui au cœur d'un système de pillage organisé. Le «WSJ» révèle que des matériaux en fer sont extraits des ruines par les Tchétchènes avant d'être vendus à des entreprises russes, notamment des constructeurs automobiles touchés par les sanctions de l'Union européenne. Ces entreprises achètent volontiers ces matériaux pour contourner les sanctions. Les ventes et les transports rapportent apparemment des millions au clan Kadyrov.
Dans l'usine d'Ilitch, les affaires sont encore plus lucratives, rapporte le «WSJ». Contrairement à l'usine d'Azovstal, cette usine est encore opérationnelle. La direction a été officiellement reprise par l'entreprise «LLC Ilyitsch MMK». Celle-ci est enregistrée au nom du fils de l'adjoint de Kadyrov, Vakhit Geremeev.
Ligne de production démantelée
En mars, les autorités russes ont déclaré qu'au cours des six derniers mois, quelque 130'000 tonnes de sous-produits ferreux d'une valeur de 16 millions de dollars avaient été expédiées hors de l'usine. Metinvest, l'ancien propriétaire d'Ilitch, a déclaré que les nouveaux propriétaires de l'usine avaient démonté une ligne de production d'une valeur de 220 millions de dollars, installée juste avant la guerre. Ils l'auraient également envoyée en Russie.
Avant l'invasion russe, la ville se finançait en grande partie grâce aux revenus des aciéries. «Cela nourrit toute la ville», a assuré Vakhit Geremeev aux médias russes après la prise des aciéries.
«La prise de contrôle des ressources économiques par les alliés de Poutine semble être une entreprise de pillage bien organisée», a déclaré Bohdan Bernatskyi, enquêteur de Project Expedite Justice, une organisation à but non lucratif qui suit les pillages russes en Ukraine.
Le chef tchétchène pose dans un cybertruck géant
Par ailleurs, Kadyrov ne cache pas sa fortune récemment acquise. En août, le dirigeant tchétchène a publié une vidéo de lui au volant d'un Tesla Cybertruck équipé d'une mitrailleuse, qu'il affirme vouloir envoyer sur le front ukrainien.
En 2007, Kadyrov a pris la présidence de la république caucasienne de Tchétchénie, autrefois dirigée par son père. Il a créé un culte de la personnalité basé sur la théâtralité et l'autoritarisme.