Après un lundi chaotique, la traînée de poudre s'est quelque peu dissipée. L'indice directeur suisse SMI est certes en baisse de 0,7% mardi midi mais il n'y a pas (encore) eu de nouvelle chute.
Malgré tout, l'évolution en Suisse est décevante. En effet, après le krach d'hier, la Bourse de Tokyo a connu la meilleure journée de son histoire et a rattrapé une grande partie de ses pertes. Les marchés attendent maintenant que les Bourses américaines donnent le ton pour la suite des événements.
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Quoi qu'il en soit, ce séisme boursier n'est pas venu de nulle part. Au total, 6400 milliards de dollars de valeur boursière ont été détruits au cours des trois dernières semaines, comme l'a précisé l'agence Bloomberg. Voici les cinq leçons que nous pouvons tirer des récentes turbulences.
Les Bourses aiment exagérer
Le séisme boursier a été déclenché par des inquiétudes concernant l'économie américaine et la forte appréciation du yen japonais. A cela s'ajoute la crainte d'une escalade au Proche-Orient. «Mais les incertitudes entraînent volontiers une surréaction à la Bourse», estime Jan-Egbert Sturm.
Il faut attendre de voir si la chute des cours des marchés était justifiée au vu de l'évolution économique ou s'ils ont réagi de manière excessive, explique le directeur du Centre de recherches conjoncturelles (KOF) de l'EPFZ dans un entretien avec Blick.
Au Japon du moins, le bilan est limpide. «Comme l'ampleur de la baisse des cours d'hier était bien plus importante au Japon qu'en Europe et aux Etats-Unis, les acteurs du marché reconnaissent que la correction d'hier au Japon était exagérée», a déclaré un stratège du marché à Tokyo à l'agence économique Bloomberg.
Investir à long terme et avec prudence
Le fort mouvement inverse après le crash au Japon le montre une fois de plus: les ventes paniques par instinct grégaire mènent directement au désastre. Ceux qui ont vendu hier face au crash ont manqué la reprise d'aujourd'hui de 10%.
La chute est grave pour les petits investisseurs qui ont acheté des actions à crédit. En cas d'écroulement des cours comme hier au Japon, ils peuvent être contraints de vendre s'ils ne peuvent pas injecter suffisament d'argent. Certains indices laissent penser que de telles ventes forcées ont alimenté le crash japonais d'hier. Dans tous les cas, il est donc fortement déconseillé d'acheter des actions à crédit.
En Suisse aussi, les investisseurs à long terme ne doivent pas craindre les chutes importantes. Ainsi, le SMI a subi à plusieurs reprises des chutes de plus de 50%, qui ont été rattrapées par la suite. Après la crise financière de 2007, il a toutefois fallu plus de dix ans pour que l'ancien record soit à nouveau dépassé.
Les doutes sur l'économie américaine augmentent
Mais tout ne va pas pour le mieux dans l'économie mondiale. «Les derniers chiffres de la conjoncture américaine indiquent un net ralentissement au cours des dernières semaines», écrit le cabinet de conseil Wellershoff & Partners dans une évaluation du marché. Et si les États-Unis, en tant que principale économie nationale, faiblissent, ils peuvent entraîner le monde entier dans leur chute.
On peut donc se demander si la banque centrale, la Réserve fédérale, n'a pas manqué le moment de baisser son taux d'intérêt. Un taux directeur plus bas donnerait un coup de pouce à l'économie. Mais là encore, Jan-Egbert Sturm reste serein. Selon lui, il est trop tôt pour parler d'une menace de récession aux États-Unis. «Les chiffres un peu moins bons du marché du travail ne sont toutefois pas encore une raison pour tout repeindre en noir.»
La promesse de l'intelligence artificielle s'estompe
Un autre élément déclencheur du chaos a été le doute sur les attentes de bénéfices liées au boom de l'intelligence artificielle (IA). Ainsi, Jim Covello, analyste en chef à la banque d'investissement Goldman Sachs, a récemment averti que les énormes investissements des entreprises dans l'IA pourraient ne jamais être rentabilisés.
Nvidia a perdu 6,4% lundi. Et au cours des trois dernières semaines, le groupe a chuté de 30%. Pourtant, en juin, Nvidia était, brièvement, devenue l'entreprise la plus valorisée du monde. Intel et Amazon, qui ont annoncé la semaine dernière de gros investissements dans l'IA, ont également subi de lourdes pertes ces derniers jours.
La Suisse résiste à la tempête
La Bourse suisse a, elle aussi, connu deux journées de négoce extrêmement faibles. L'indice phare SMI a perdu 3,6% vendredi et 2,8% lundi. UBS, Partners Group, ABB, Sika et Logitech: tous les titres ont perdu jusqu'à plus de 10%. La grande vente n'a toutefois pas eu lieu. En revanche, il n'y a pas eu de reprise mardi.
Pourtant, la situation conjoncturelle n'est pas mauvaise: certes, les entreprises exportatrices souffrent de la nouvelle appréciation du franc. Mais le secteur de la construction et les services se portent bien, selon Jan-Egbert Sturm. «Une fois de plus, l'économie suisse fait preuve de résistance», est convaincu le directeur du KOF.
Bien sûr, en tant qu'économie ouverte, la Suisse est toujours touchée par les perturbations mondiales. Mais jusqu'à présent, la crise ne s'est guère fait sentir, du moins en Suisse.