Les incendies qui ont ravagé l'île de Maui, dans l'archipel américain d'Hawaï, ont fait au moins 89 morts, a annoncé samedi le gouverneur de l'Etat, John Green. Il a averti que ce bilan pourrait encore s'aggraver.
«Cela va continuer à monter. Nous voulons que les gens se préparent à cela», a ajouté le gouverneur. Les habitants, encore sous le choc, commencent tout juste à constater l'étendue des dégâts à Lahaina, une ville quasiment réduite à néant par les flammes.
«Cela a tout pris, tout! Cela me brise le coeur», se désole Anthony Garcia, 80 ans, qui avait élu domicile dans la ville il y a une trentaine d'années. Autour, les survivants remuent les cendres dans l'espoir de retrouver photographies ou objets.
Des commerces, hôtels, immeubles et restaurants qui faisaient le charme de cette cité balnéaire de 13'000 habitants, il ne reste presque rien. Durant ce cauchemar, les habitants n'ont pu compter que sur le «réseau noix de coco», le bouche-à-oreille, dénonce auprès de l'AFP un habitant, William Harry.
La justice a ouvert une enquête sur la gestion de la crise par les autorités. Maui a subi de nombreuses coupures de courant pendant la crise et le numéro d'urgence 911 a cessé de fonctionner dans certaines parties de l'île, tandis que les sirènes d'alerte aux incendies n'ont pas été actionnées.
Plus de 2200 bâtiments touchés
Les alertes, habituellement transmises par téléphone, n'ont pas pu être reçues, car «il n'y avait pas de réseau» et, «clairement, nous n'avons pas prévu de solutions de secours pour assurer la sécurité des habitants», a admis samedi Jill Tokuda, élue démocrate d'Hawaï, sur la chaîne CNN. «Nous avons sous-estimé la dangerosité et la rapidité du feu», a-t-elle regretté. «Nous devons nous améliorer.»
2207 bâtiments, majoritairement résidentiels, ont été détruits ou endommagés, selon l'agence fédérale chargée de la réponse aux catastrophes naturelles (FEMA). Rien que pour l'incendie de Lahaina, le coût de la reconstruction est estimé à 5,52 milliards de dollars.
Le feu a été «incroyablement dévastateur», selon Jeremy Greenberg, un responsable de la FEMA interviewé sur MSNBC. «Ces types d'incendies peuvent se propager sur une distance équivalente à un terrain de football américain en 20 secondes ou moins.»
Les pompiers ont dû lutter contre de multiples brasiers simultanés et alimentés par des vents violents, eux-mêmes nourris par la force de l'ouragan Dora. Face à la vitesse de la progression des flammes, les survivants de Lahaina ont dû fuir sans se retourner, parfois même en se jetant dans l'océan pour s'en échapper.
(ATS)