L'attaque de Poltava, dans le centre de l'Ukraine, a été dévastatrice. Avec seulement deux missiles, les Russes ont tué au moins 55 personnes la semaine dernière et en ont blessé plus de 270. Les Ukrainiens ont à peine eu le temps de se mettre à l'abri: il ne s'est même pas écoulé une minute entre l'alerte aérienne et les impacts. De tels bombardements, contre lesquels la défense aérienne ukrainienne est dépassée, risque d'augmenter massivement.
Et la situation pourrait même être pire. Si les ministres des Affaires étrangères des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, qui sont arrivés mercredi à Kiev, autorisent l'Ukraine à attaquer le territoire russe, la guerre pourrait s'étendre à l'Europe. C'est en tout cas la conviction de l'expert militaire allemand Ralph D. Thiele qui déclare à Blick: «Je suis absolument inquiet. Car la situation deviendrait alors périlleuse pour nous aussi.»
Avec l'attaque de Poltava, les Russes ont déjà exprimé leur force. Deux missiles Iskander-M, qui une portée allant jusqu'à 500 kilomètres et transportent 500 kilos d'explosifs, ont été utilisés. Ils sont dirigés à une altitude d'environ 50 kilomètres, d'où ils visent la cible à une vitesse jusqu'à sept fois supérieure à celle du son.
L'Iran livre des missiles
Les Russes auraient désormais reçu d'autres missiles balistiques. Selon le ministre américain des Affaires étrangères Antony Blinken, l'expéditeur serait Téhéran. Les projectiles iraniens complètent l'arsenal russe qui, avec Iskander et Kinschal, comprend des missiles très efficaces mais aussi très coûteux.
On ne sait pas exactement quel type de missile l'Iran a livré. A Washington, on parle du missile à courte portée Fath 360. Ce missile avec une charge explosive de 150 kilos et une portée de 120 kilomètres peut être utilisé à proximité de la ligne de front et viser des villes comme Kharkiv ou Sumy. En Ukraine, on dit qu'il pourrait également s'agir de missiles de plus grande portée comme le Zolfaghar ou le Fateh-110.
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«Escalade dramatique»
Le chef de la CIA William Burns et le chef du MI6 britannique Richard Moore ont mis en garde contre la poursuite de la coopération entre la Russie et l'Iran lors d'une apparition commune à Londres. William Burns a déclaré, selon bloomberg.com: «Si l'Iran devait fournir des missiles balistiques de tout type, qu'il s'agisse de missiles à courte portée ou autres, ce serait une escalade dramatique de ce partenariat de défense.»
Mais un problème subsiste. La défense aérienne ukrainienne parvient à abattre environ 75% des drones lents, qui volent jusqu'à 185 kilomètres par heure, mais seulement 25% des missiles. Le taux de réussite des Russes augmenterait donc massivement s'ils utilisaient leurs missiles lourds.
Des armes occidentales sur le territoire russe?
Afin de neutraliser les positions de lancement et les dépôts russes, l'Ukraine fait pression pour qu'elle puisse attaquer le territoire russe avec des armes occidentales. Mercredi, les ministres des Affaires étrangères des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, Antony Blinken et David Lammy, se sont rendus à Kiev pour discuter précisément de cette demande. Aucune décision n'a encore été prise.
Jusqu'à présent, l'Occident a livré des armes à l'Ukraine sous réserve de ne les utiliser que sur le sol ukrainien pour se défendre. Ralph D. Thiele, président de la société politico-militaire allemande et président d'EuroDefense Allemagne ainsi qu'auteur du livre «Hybride Warführung - Zukunft und Technologien» – «Conduite hybride de la marchandise - Avenir et technologies», met en garde avec insistance contre un assouplissement de cette restriction. «Cette libération pourrait se transformer en une guerre avec l'Occident!», prévient-il.
Une frappe nucléaire comme avertissement
Aujourd'hui déjà, les Russes pensent que les Américains sont la force agissante derrière les actions ukrainiennes. «Si des projectiles occidentaux attaquaient des cibles sur le sol russe, cela signifierait pour le Kremlin un engagement direct de l'Occident dans la guerre», précise l'expert. Ralph D. Thiele s'attend dans ce cas à une «étape d'escalades majeures» et à une «nouvelle qualité de la guerre». Il n'exclut pas que la Russie attaque alors des cibles en Pologne et dans les pays baltes par exemple.
Le président russe Vladimir Poutine pourrait également lancer une attaque nucléaire. Ralph D. Thiele n'entend pas par là une grosse bombe atomique, mais un tir d'avertissement. «La première chose que les Russes feraient serait probablement une petite démonstration nucléaire sur le champ de bataille, pour montrer que pour eux la ligne rouge est atteinte et qu'ils sont prêts à tout.»
Un tel scénario, avec des attaques russes contre des pays de l'OTAN, impliquerait également l'Occident dans la guerre. Ralph D. Thiele est donc inquiet: «Une levée de la limitation de la portée avec des armes occidentales est incendiaire. Cela pourrait aussi nous toucher au vif.»