La bombe atomique y est née
Cette zone de loisirs américaine est aussi contaminée par le plutonium que Tchernobyl!

Dans une zone de loisirs proche du lieu de naissance de la bombe atomique, les niveaux de plutonium sont aussi élevés qu'à Tchernobyl. C'est ce qu'affirme une étude américaine. Les autorités considèrent que le risque de contamination est faible.
Publié: 28.08.2024 à 22:21 heures
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Le parc de Kinnikinnik dans l'Acid Canyon, dans l'État américain du Nouveau-Mexique. Non loin de là se trouve Los Alamos, le lieu de naissance de la bombe atomique.
Photo: Screenshot Searchlight New Mexico
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Le parc de Kinnikinnik dans l'Acid Canyon, dans l'État américain du Nouveau-Mexique. Non loin de là se trouve Los Alamos, le lieu de naissance de la bombe atomique.
Photo: Screenshot Searchlight New Mexico
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Daniel Kestenholz

«C'est l'une des choses les plus choquantes que j'ai vu de ma vie!» Michael Ketterer, un professeur émérite de chimie et de biochimie à la Northern Arizona University à Flagstaff, aux États-Unis, n'en revient toujours pas.

Il a présenté le 15 août une étude sur la contamination extrême par le plutonium dans une région de randonnée. De 1943 à 1963, le Laboratoire national de Los Alamos, qui a développé les premières armes nucléaires américaines, avait déversé des déchets liquides et souvent radioactifs dans un ravin situé à proximité des installations de recherche. La zone a reçu le nom d'Acid Canyon (canyon acide en français).

Lors d'une conférence de presse tenue à la mi-août, le scientifique américain Michael Ketterer a présenté des échantillons de roches et d'eau provenant de la zone de loisirs contaminée au plutonium.
Photo: Keystone
Lors d'une conférence de presse tenue à la mi-août, le scientifique américain Michael Ketterer a présenté des échantillons de roches et d'eau provenant de la zone de loisirs contaminée au plutonium.
Photo: Keystone

Aujourd'hui, l'endroit est devenu une parcelle de loisirs. Le sentier Acid Canyon, long de près de 1,5 kilomètre et ombragé par des pins, traverse une zone qui est encore aujourd'hui aussi fortement contaminée que Tchernobyl, selon le journal britannique «The Guardian» qui cite le scientifique américain. L'ancienne centrale nucléaire soviétique située au nord de l'Ukraine actuelle reste une zone interdite. Mais l'Acid Canyon, lui, est très fréquenté.

«Contamination extrême au plutonium»

Le projet d'étude présenté aux médias à la mi-août et dirigé par Michael Ketterer parle de «concentrations extrêmes» de plutonium à proximité du lieu de naissance de la bombe atomique. Mais les demandes de décontamination de la zone seraient ignorées par le gouvernement américain.

«Ce que j'ai trouvé ici à Acid Canyon est à peu près la contamination en plutonium la plus extrême que j'ai vue dans ma carrière en dehors du laboratoire de Los Alamos», a déclaré le spécialiste aux journalistes.

Il a comparé les échantillons avec les valeurs qui règnent à proximité de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Une énorme explosion y avait libéré des quantités massives de matières radioactives le 26 avril 1986. Aujourd'hui encore, une zone d'exclusion de 30 kilomètres entoure les réacteurs désaffectés.

Pièce maîtresse des armes nucléaires

Les isotopes radioactifs dans l'Acid Canyon près de Los Alamos sont «cachés de la vue de tous», selon Michael Ketterer. Le risque d'irradiation est faible, admet-il. Le risque environnemental est néanmoins préoccupant. Le plutonium s'infiltre dans la nappe phréatique et finit par se déverser dans le Rio Grande.

Les déchets toxiques radioactifs stockés dans le sol entrent en outre dans la chaîne alimentaire par le biais des plantes ou se répandent dans les cendres en cas d'incendie de forêt.

Michael Ketterer et son équipe ont publié leur étude après l'annonce par le ministère américain de la Défense d'une augmentation de la production de noyaux de plutonium à Los Alamos. Ces noyaux sont au cœur des armes nucléaires.

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