Ce 2 août, c'est le «jour du dépassement» en termes de consommation de ressources naturelles. Cela signifie qu'à partir de ce mercredi, l'humanité a consommé les ressources de la Terre théoriquement disponibles pour une année entière, provoquant ainsi une dette écologique. C'est ce que révèlent les calculs de l'organisation environnementale américaine Global Footprint Network.
L'organisation calcule d'une part ce que la nature peut produire et absorber sans pertes en 365 jours. Il s'agit entre autres des matières premières, de l'eau potable et des aliments, ainsi que des déchets produits par l'homme et des émissions de CO2. D'autre part, elle analyse ce que les hommes consomment avec leur mode de vie et leur économie. Elle fixe ainsi le jour où toutes les ressources de l'année sont consommées.
Pas d'amélioration en vue
L'année dernière, le jour du dépassement de la Terre était fixé au 28 juillet. Mais le report de la date ne signifie pas que l'humanité est désormais plus économe. Global Footprint Network actualise les bases de calcul avec les dernières collectes de données et méthodes.
Selon les nouveaux calculs, ce jour tristement symbolique devait avoir lieu le 1er août. Nous n'avons donc progressé que d'un jour. «La tendance est plate, et ce, depuis dix ans», analyse Amanda Diep, porte-parole de Global Footprint Network. Il est difficile de dire dans quelle mesure cette légère amélioration est due à une baisse de l'activité économique en raison du coronavirus ou aux efforts de décarbonisation.
Une amélioration inutile
Ce qui est clair, c'est que cette minuscule amélioration n'aide en rien. Pour vivre en harmonie avec la nature et réduire les émissions de gaz à effet de serre, conformément aux recommandations du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), le jour du dépassement devrait être reculé de 19 jours chaque année au cours des sept prochaines années, poursuit Amanda Diep. Selon elle, si l'on parvenait à réduire de moitié les déchets alimentaires dans le monde, on gagnerait déjà 13 jours.
Au lieu de cela, c'est le contraire qui se produit. Selon Global Footprint Network, la date de la dette écologique a même avancé de près de deux mois au cours des 20 dernières années. Seule l'année 2020 a marqué une légère rupture dans la tendance. Ce jour avait alors eu lieu le 16 août, un tel recul n'était plus arrivé depuis 2005.
La Suisse surconsomme depuis longtemps
La Suisse a depuis longtemps déjà épuisé «ses» ressources. Le «Swiss Deficit Day» est tombé le 25 mars. Depuis ce jour-là, les Suisses consomment plus que ce que l'écosystème peut régénérer pendant toute l'année. Selon le Global Footprint Network, la demande de consommation de la population suisse est 4,4 fois supérieure à ce que les écosystèmes du pays peuvent supporter. En d'autres termes, les Suisses auraient besoin d'un pays quatre fois plus grand.
Si tout le monde vivait de manière aussi dispendieuse que les habitants de notre pays, le jour de dépassement aurait déjà eu lieu le 13 mai de cette année. Autrement dit, il faudrait 2,75 Terres. Si le monde consommait comme les Qataris, le jour de surcharge de la Terre serait même déjà le 10 février. Mais il y a aussi des pays qui ne génèrent pas de surcharge pour la planète — la grande majorité en Afrique, mais aussi en Inde, au Pakistan ou aux Philippines.