Il aura suffi de quelques heures après la chute du régime de Bachar al-Assad pour qu'Israël commence à mener de lourdes attaques en Syrie. Les frappes aériennes ont visé des centres de recherche, des dépôts d'armes, la marine ainsi que des aéroports et la flotte aérienne. La défense aérienne syrienne a été mise hors service avec des attaques à Damas, Homs, Hama, Lattaquié et Daraa.
Dans la nuit de dimanche à lundi, une énorme explosion a secoué la ville portuaire de Tartous, dans le nord-ouest du pays, et aurait à nouveau détruit un dépôt d'armes. Les attaques ont été si violentes que, selon les médias israéliens, un tremblement de terre a été enregistré au large de la Syrie.
Une action «totalement hors-la-loi»
L'armée de l'air aurait bombardé la Syrie plus de 500 fois depuis la fuite du dirigeant Bachar al-Assad. L'objectif est clair: Israël veut détruire le plus d'armes possible avant qu'elles ne tombent entre les mains d'ennemis potentiels. «Nous n'avons aucun intérêt à un conflit avec la Syrie», a déclaré Benjamin Netanyahu ce week-end lors d'un entretien téléphonique avec Donald Trump. Toutefois, la Syrie a été un «Etat ennemi actif» pendant des décennies et a attaqué l'Etat hébreu à plusieurs reprises, se justifie le Premier ministre.
Les experts de l'ONU qualifient cette action de «totalement illégale». Il n'existe «absolument aucune base juridique internationale pour désarmer préventivement (...) un pays que l'on n'aime pas», a déclaré le rapporteur spécial de l'ONU pour la promotion des droits de l'homme, Ben Saul.
«Une fenêtre d'opportunité»
Avant toute chose, Israël s'est attaqué à la défense aérienne et aux radars. L'armée pourrait bientôt profiter des libertés dans l'espace aérien syrien pour attaquer son ennemi juré, l'Iran, et son programme nucléaire. Ce dernier a perdu avec Bachar al-Assad l'un de ses principaux alliés.
Des sources militaires ont indiqué qu'Israël élaborait actuellement, avec d'autres services de sécurité, un plan d'attaque contre le programme nucléaire iranien. Avec un bombardement le 26 octobre, l'Etat hébreu s'est créé «une fenêtre de tir pour agir contre l'Iran», a déclaré l'ex-ministre israélien de la Défense Yoav Galant au «Washington Post».
Une attaque commune avec les Etats-Unis
«L'Iran est plus faible qu'il ne l'a été depuis de très nombreuses années», a déclaré l'analyste iranien Raz Zimmet, cité par «Der Spiegel». La défense antiaérienne est «estropiée» et avec la fin du régime de Bachar al-Assad, les mollahs ont perdu leur «plaque tournante logistique et leur profondeur stratégique». De plus, Israël et la milice chiite du Hezbollah ont conclu un cessez-le-feu depuis fin novembre.
Reste à voir ce que fera la nouvelle administration américaine dirigée par Donald Trump dès son entrée en fonction le 20 janvier. Le président élu a déjà annoncé vouloir exercer une «pression maximale» sur l'Iran. Cela pourrait passer par des sanctions économiques sur les ventes de pétrole. Ali Khamenei, le guide suprême iranien, pourrait accepter de négocier avec Trump.
Au moins six mois pour une arme nucléaire
On saura dans les mois à venir si et quand les États-Unis donneront leur feu vert à une attaque contre l'Iran. Dans ce cas, une attaque coordonnée d'Israël avec les Etats-Unis serait possible.
Mais que fait l'Iran? Il est possible qu'il adapte sa stratégie des armées de l'ombre réparties dans la région et qu'il livre par exemple des armes en Cisjordanie via la Jordanie, comme le rapporte «Der Spiegel». Une autre hypothèse pourrait être le pas vers l'arme atomique. Toutefois, selon les experts, la production d'une simple arme nucléaire devrait déjà prendre «au moins six mois».