«Inqualifiable, intolérable et inacceptable»
La congrégation de Bétharram reconnaît sa «responsabilité»

La congrégation des pères de Bétharram, longtemps à la tête d'un établissement catholique du sud-ouest de la France au coeur d'une vaste affaire de violences physiques et de viols qui a éclaboussé le Premier ministre, a reconnu mardi sa «responsabilité».
Publié: 04.03.2025 à 15:33 heures
Le complexe scolaire catholique français «Le beau rameau» à Lestelle-Betharram.
Photo: AFP

Après cette déclaration, le collectif des victimes a fait part de son «immense soulagement parce que depuis 15 mois, on se bat contre cette congrégation pour lui expliquer que ce qui s'est passé est inqualifiable, intolérable et inacceptable».

Mais les mesures annoncées restent «insuffisantes», a affirmé le porte-parole du collectif, Alain Esquerre, à des journalistes, en réclamant notamment que les victimes de violences physiques, et pas seulement sexuelles, soient prises en compte.

S'exprimant au nom de ses pairs, alors que de nombreux plaignants fustigeaient le «mutisme» de la congréation, le prêtre Laurent Bacho, 75 ans, a assuré dans un entretien à l'AFP se sentir «responsable» face aux «souffrances de ces enfants (...) anéantis».

Fonds d'indemnisation

Parallèlement, la congrégation a annoncé la création d'un nouveau fonds d'indemnisation pour les victimes de violences sexuelles prescrites commises par des laïcs, alors que le champ d'action mis en place par l'Église depuis 2021 se limite à celles commises par des religieux. Autre mesure, le lancement d'une commission d'enquête indépendante pour identifier «les causes» des «abus massifs» commis durant des décennies.

La future commission recueillera la parole des victimes «dans différents pays» où la congrégation a des établissements et «pourra étudier les archives», a détaillé Laurent Bacho. Elle devra mettre en place des outils pour éviter un nouvel «aveuglement», a ajouté l'ancien vicaire régional de la congrégation.

La création du nouveau fonds d'indemnisation sera financée par «la vente des quelques biens immobiliers» appartenant à la congrégation, a-t-il précisé. Pour l'heure, l'indemnisation de 19 victimes, à hauteur de 700'000 euros, a absorbé 60% de ses finances. «La réparation financière est importante parce qu'elle donne du poids à nos mots», souligne Laurent Bacho. La congrégation veut aussi agir sur le plan «mémoriel», avec l'idée d'édifier un monument ou d'installer une plaque.

«L'Etat n'a pas été au rendez-vous»

D'anciens religieux et personnels laïcs de Notre-Dame-de-Bétharram sont visés par plus de 150 plaintes déposées par des anciens élèves pour violences physiques, agressions sexuelles et viols. Après un an d'enquête, le parquet a ouvert une information judiciaire il y a dix jours et un ancien surveillant né en 1965 a été inculpé et placé en détention provisoire. La très grande majorité des faits dénoncés, qui remontent jusqu'aux années 1950 et s'étalent sur un demi-siècle, sont prescrites.

«L'Etat n'a pas été au rendez-vous» dans cette affaire, avait regretté le 21 février la ministre de l'Education nationale, Elisabeth Borne, l'établissement n'ayant presque jamais été inspecté en trente ans.

Ministre de l'Education entre 1993 et 1997, l'actuel chef du gouvernement, François Bayrou, a répété n'avoir «jamais été informé» dans le passé des violences sexuelles dans cet établissement qu'ont fréquenté plusieurs de ses enfants et où son épouse a enseigné le catéchisme, malgré des témoignages affirmant le contraire. Deux signalements concernant son inaction présumée ont été classés sans suite, a annoncé lundi la justice française.

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