Il n'aime pas Vladimir Poutine
Pourquoi ce néonazi russe est lié à la Suisse – et se bat contre le Kremlin

Des néonazis russes se battent du côté de Kiev contre la Russie. Pourquoi? Et quels liens existent-ils entre leur chef et la Suisse?
Publié: 04.03.2023 à 17:59 heures
|
Dernière mise à jour: 04.03.2023 à 18:24 heures
1/10
Des néonazis russes ont mené des attaques à Briansk, en Russie.
Photo: Twitter / @ColborneMichael
Chiara Schlenz

Il y a de l'agitation dans la zone frontalière russo-ukrainienne. Jeudi, des attaques ont eu lieu dans l'oblast de Briansk, au sud-ouest de la Russie. Pour le Kremlin, il s'agit d'une «attaque terroriste de l'Ukraine». Pour le conseiller de Volodymyr Zelensky, Mykhaïlo Podoliak, ce serait l'œuvre de partisans russes. En effet, les attaques ont été revendiquées par des «représentants du corps des volontaires russes», comme le montrent des vidéos sur Telegram et Twitter.

A la tête de ce groupe: l'un des néonazis les plus connus d'Allemagne, Denis Nikitin (né Kasputin), qui a quitté la Russie pour l'Allemagne lorsqu'il était enfant et a vécu comme réfugié à Cologne. Il a lui-même fondé le Corps des volontaires en août 2022 – pour lutter contre Vladimir Poutine, selon ses propres dires.

Le néonazi russe a des contacts en Suisse

Denis Nikitin n'est pas non plus un inconnu en Suisse. Depuis 2017 au moins, le néonazi entretient des liens avec l'ancien président du Parti nationaliste suisse (PNS, extrême droite), Florian Gerber. Ce dernier aurait négocié pour le fondateur des Corps des volontaires les affaires commerciales de son entreprise de vêtements White Rex en Suisse, comme l'a rapporté le magazine allemand «Spiegel».

En outre, le Russe avait proposé à plusieurs reprises des cours d'autodéfense pour le PNS, avant d'être interdit d'entrée dans l'espace Schengen pendant dix ans en 2019. Depuis lors, et depuis la dissolution du PNS en 2022, on ne sait pas si Denis Nikitin a encore des contacts en Suisse.

«Libération de la dictature de Poutine»

On ne sait pas non plus clairement pour le compte de qui le Corps travaille réellement. Denis Nikitin affirme avoir reçu une autorisation du président ukrainien Volodymyr Zelensky. Dans une interview qu'il a donnée à l'automne 2022, l'homme a expliqué que le président ukrainien avait lui-même approuvé l'intégration du Corps des volontaires dans l'armée ukrainienne.

Ces déclarations n'ont pas été confirmées par les autorités de ce dernier pays. Entre-temps, le service de renseignement militaire ukrainien a qualifié les rapports sur les affrontements dans la région de Briansk de «poursuite de la transformation de la Russie, de sa purification et de sa libération de la dictature de Poutine», selon l'agence de presse ukrainienne Hromadske.

Kacper Rekawek, qui travaille à l'université d'Oslo, mène depuis des années des recherches sur l'extrémisme de droite et les combattants étrangers en Ukraine. «Il ne s'agissait certainement pas d'une opération déguisée russe», a-t-il déclaré à Blick.

Les ultra-nationalistes russes n'aiment pas Poutine

Mais alors, pourquoi les extrémistes de droite russes se battent-ils contre Vladimir Poutine? La raison est simple: «Dans les années 2010, le Kremlin a commencé à contrôler les débordements violents de l'extrême droite dans son propre pays», explique Kacper Rekawek.

Les chiffres d'une étude de l'université de Leyden, aux Pays-Bas, montrent que la Russie a connu cinq fois plus de violence de la part de militants d'extrême droite que les États-Unis et presque quatre fois plus que l'Allemagne. «Il s'agit d'un danger pour le Kremlin», commente encore l'expert.

Résultat: certains de ces nationalistes se sont réfugiés en Biélorussie ou en Ukraine – où ils luttent désormais contre Vladimir Poutine. «La Russie est une nation politique. Mais nous, nous sommes russes. Dans mon pays, on essaie de tout mélanger», affirme ainsi Denis Nikitin.

Kacper Rekawek décrypte cette pensée: «La manière dont la Russie est actuellement dirigée est une insulte pour ces gens, car c'est un pays qui encourage la migration, qui est gouverné de manière kleptocratique et qui, aux yeux de ces extrémistes, envoie des soldats d'origine asiatique en Ukraine pour se battre contre des Européens blancs.»


Découvrez nos contenus sponsorisés
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la