Pendant longtemps, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a porté avec fierté le surnom de «Monsieur Sécurité». Lorsqu'il était à la tête de l'Etat, le pays traversait une période de paix quasi totale. Mais ce 7 octobre 2023 est arrivé et avec lui le jour le plus sombre de l'histoire du judaïsme depuis l'Holocauste. Ce jour-là, des membres de l'organisation islamiste palestinienne Hamas ont pénétré dans le territoire israélien pour commettre une attaque d'une ampleur inégalée. Bilan: environ 1205 Israéliens tuées et plus de 250 personnes capturées puis retenues en otage dans la bande de Gaza. Beaucoup ont vu dans ce massacre un échec cuisant de la part de Benjamin Netanyahu.
Et pourtant, un an après, celui qu'on surnomme Bibi est toujours à la tête d'Israël. Selon les sondages, son parti, le Likoud serait même adoubé par 38% de la population israélienne. Alors comment Netanyahu est-il parvenu à gérer politiquement les 365 derniers jours?
Netanyahu a été détruit politiquement
Le conflit entre Israël et les pays arabes environnants a longtemps guidé la carrière politique de Benjamin Netanyahu. Né en 1949, un an seulement après la création de l'Etat d'Israël, il peut en effet se targuer d'une carrière sans précédent et hautement controversée. Alors qu'il en est à son troisième mandat en tant que Premier ministre d'Israël, Bibi a déjà été déclaré politiquement mort des dizaines de fois.
Sur l'anniversaire du 7 octobre
Avant le 7 octobre 2023, Netanyahu semblait même quasiment fini. Plus il restait au pouvoir, plus les problèmes s'accumulaient. Parmi eux, des accusations de corruption lancées en 2019 qui l'ont poussé quatre ans plus tard à lancer un vaste plan visant à limiter les pouvoirs de la Cour suprême et à rendre le pouvoir au gouvernement. Une mesure qui a déclenché des manifestations massives dans tout le pays et qui a fait fondre sa cote de popularité. Mais bien que décrié, le controversé Premier ministre n'a jamais eu la moindre intention de démissionner.
Le 7 octobre 2023, tout change. Les querelles de politique intérieure sont reléguées au second plan. Sur ordre de Netanyahu, les forces armées israéliennes (Tsahal) mènent des raids aériens sur la bande de Gaza, suivies d'une offensive terrestre de grande envergure. Malgré cette réaction immédiate – et dramatique pour la population gazaouie – Netanyahu n'a jamais réussi à se débarrasser de cet échec qui semble lui coller à la peau. A cela s'ajoute son incapacité à faire libérer les otages israéliens retenus dans la bande de Gaza. Un point qui semble tout sauf prioritaire à ses yeux, lui qui cherche avant tout la destruction totale des ennemis d'Israël.
La force brute comme clé du succès
Et force est de constater un an plus tard qu'il poursuit cet objectif avec une détermination inébranlable. Au point même de risquer un embrasement généralisé du Moyen-Orient. Fin juillet, Tsahal a d'abord assassiné le leader du Hamas, Ismail Hanija, en Iran. Les 17 et 18 septembre, des milliers de bipeurs et de talkies-walkies appartenant à des membres du Hezbollah ont explosé dans tout le Liban. On soupçonne les services secrets du Mossad d'en être à l'origine. Officiellement, Israël n'a toutefois jamais revendiqué cette action.
Fin septembre, c'est le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah qui a été tué dans une frappe israélienne alors qu'il se cachait à Beyrouth. Le 5 octobre, une nouvelle série de frappes s'est abattue sur la capitale du Liban. Depuis, Hachem Safieddine, successeur de Nasrallah, n'a plus donné signe de vie. Sa mort doit néanmoins être officiellement confirmée. Le Hezbollah est quant à lui sorti très affaibli de ces différentes attaques. Au point que l'Iran s'est senti obligé de passer à l'action. Car la République islamique, en plus d'être le principal soutien du Hezbollah au Liban, reste à ce jour l'ennemi militaire d'Israël le mieux équipé et le plus puissant.
Afin d'éviter une guerre meurtrière entre les deux puissances, les alliés d'Israël s'efforcent jusqu'à présent – sans succès – de plaider pour la désescalade. Le président américain Joe Biden et ses partenaires européens ont téléphoné à plusieurs reprises à Benjamin Netanyahu. Mais ce dernier est toujours resté de marbre, ne cédant jamais le moindre centimètre de terrain à ses pourfendeurs.
Soudain à nouveau populaire
Si les triomphes des deux dernières semaines ne constituent pas la «victoire totale» qu'il avait pourtant promise, ils forment un enchaînement historique de succès aux niveaux de l'armée et des renseignements. Benjamain Netanyahu, lui, n'hésite pas à se mettre en scène et à se présenter comme l'architecte de cette réussite. «Je suis arrivé à la conclusion que Tsahal n'en avait pas fait assez. J'ai donc donné moi-même une directive», a-t-il par exemple déclaré à propos de la mort d'Hassan Nasrallah.
Une stratégie qui semble payer pour le Premier ministre israélien. Dans les sondages, son parti, le Likoud, est pour la première fois à nouveau en tête des intentions de vote. En novembre 2026, Israël élira un nouveau Parlement. Et Netanyahu a bien l'intention se maintenir au pouvoir.