Le président de la Confédération Ignazio Cassis a dénoncé l'invasion de l'Ukraine par la Russie comme une attaque contre la souveraineté, la liberté, la démocratie, la population et les institutions d'un pays libre. «C'est inacceptable du point de vue du droit international, c'est inacceptable du point de vue politique, c'est inacceptable du point de vue moral.»
Selon Ignazio Cassis, le Conseil fédéral a réexaminé la question de la neutralité. «Jouer le jeu d'un agresseur n'est pas digne d'un pays neutre», a-t-il souligné. Cela ne change rien à l'offre de médiation de la Suisse.
Le président de la Confédération explique pourquoi la décision a tardé à venir. Il s'agit d'une mesure inédite, il fallait donc analyser les conséquences avec attention. «C'était notre devoir de le faire.» Le Conseil fédéral fait ce pas avec conviction et de manière réfléchie.
La Suisse réitère sa solidarité avec l'Ukraine et sa population. Dans les prochains jours, notre pays enverra environ 25 tonnes de matériel de secours à la frontière entre la Pologne et l'Ukraine. Elle soutient la Croix-Rouge internationale et le fonds d'aide d'urgence de l'ONU.
Garantir l'intégrité de la place financière du pays
Le ministre de la Finance, Ueli Maurer, précise qu'au niveau financier, il est absolument essentiel pour la Suisse de garantir l'intégrité de la place financière du pays. Il est donc important que les sanctions soient appliquées dans leur intégralité. Le Conseil fédéral garantit que la Russie n'est pas aussi essentielle au fonctionnement de la place financière suisse que ce que l'on pourrait croire.
Les avoirs des personnes listées – entre autres, Vladimir Poutine, le Premier ministre russe Mikhaïl Michoustine et le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov – sont gelés avec effet immédiat. Dès que l'on connaîtra les détails des deuxième et troisième trains de sanctions de l'UE, l'ordonnance sera encore un peu adaptée. La Suisse réagit ainsi aux graves violations du droit international public dont ces personnes se sont rendues responsables.
Concernant la restriction des accès de la Russie à la plateforme Swift: le Conseil fédéral n'a pas encore tranché, explique Ueli Maurer.
Ueli Maurer souligne une fois de plus que la Suisse ne peut pas prononcer de sanctions de son propre chef quant au commerce de matières premières, mais qu'elle ne peut que prendre des sanctions en aval. Il n'est donc pas envisagé d'interdire aux Russes le commerce de matières premières en Suisse dans l'immédiat. Le ministre des Finances estime que cela ne devrait pas être considéré comme un objectif.
Interdiction d'entrée pour cinq oligarques
La ministre de la Justice Karin Keller-Sutter ajoute que plusieurs interdictions d'entrée ont été décidées. Celles-ci concernent cinq oligarques de nationalité russe ou ukrainienne, proches de Poutine. Il s'agit de personnes ayant des relations d'affaire avec la Suisse, mais sans autorisation de séjour. Pour des raisons de protection de la personnalité, les noms des personnes concernées ne peuvent pas être mentionnés.
En outre, des mesures ont été décidées concernant l'entrée de tous les citoyens russes. L'accord sur la facilitation des visas a été suspendu jusqu'à nouvel ordre. Cela vaut également pour les détenteurs de passeports diplomatiques.
Les réfugiés peuvent entrer en Suisse sans passeport
La Suisse participera activement à une action coordonnée des États de l'espace Schengen afin d'apporter un soutien humanitaire. «La Suisse ne laissera pas tomber les Ukrainiens», précise Karin Keller-Sutter. Jusqu'à présent, peu de personnes ont déposé une demande d'asile.
Chaque Ukrainienne et chaque Ukrainien pourra entrer librement dans l'espace Schengen sans visa, pour une durée de 90 jours. La condition est d'avoir un passeport biométrique. Les réfugiés de guerre qui n'ont pas de passeport biométrique ou pas de passeport du tout devraient également pouvoir entrer en Suisse.
Des discussions sont en cours pour accorder un statut de protection temporaire aux Ukrainiens, afin qu'ils puissent rester plus de 90 jours en Suisse. Karin Keller-Sutter veut entamer les discussions le plus vite possible.
La Suisse se prépare à tous les scénarios
Selon la ministre de la Défense Viola Amherd, l'évolution de la situation en Ukraine soulève d'importantes questions en matière de sécurité. Depuis le début de l'escalade, le Conseil fédéral a analysé la situation en Ukraine et sur les conséquences possibles pour la Suisse. La commission de sécurité du Conseil fédéral se prépare pour assurer la sécurité de l'approvisionnement énergétique, de prévoir d'éventuels mouvements de réfugiés, mais aussi de se protéger contre d'éventuelles cyberattaques qui pourraient toucher la Suisse.
L'armée met à disposition de l'Ukraine du matériel de protection, des appareils respiratoires, des bandages et d'autres fournitures. D'autres livraisons de matériel militaire sont prévues. En outre, l'armée soutient l'ambassade suisse en Ukraine avec des forces spéciales.
«Les développements en Ukraine nous ont surpris par leur rapidité et leur brutalité», souligne Viola Amherd. La Suisse a besoin d'une armée moderne et bien équipée. La situation actuelle souligne l'importance de telles réflexions.
Au nom de la ministre des transports Simonetta Sommaruga, Ignazio Cassis informe en outre que la Suisse ferme son espace aérien aux avions russes. Cette fermeture est en vigueur depuis 15 heures. Elle ne concerne pas seulement les vols de ligne, mais aussi les vols privés. Les vols de sauvetage ou les vols diplomatiques ne sont pas concernés.
Une attaque nucléaire est peu probable
Comment évalue-t-on le risque d'une attaque nucléaire? «Nous examinons tous les scénarios possibles et nous nous y préparons», explique Viola Amherd. Mais d'après les indicateurs, l'utilisation d'armes nucléaires n'est pas probable. La population ne doit donc pas craindre une telle attaque, souligne la Conseillère fédérale.
(Blick avec ATS)