Dans un commentaire à l'AFP, l'armée ukrainienne a immédiatement démenti l'information de source russe selon lesquelles Bakhmout serait sur le point de tomber. Kiev assure continuer à ravitailler ses troupes dans la ville assiégée et y infliger quotidiennement des «pertes folles» à l'ennemi. L'AFP n'a pas pu vérifier ces déclarations de source indépendante.
Le chef du groupe paramilitaire russe Wagner, Evgueni Prigojine, dont les combattants sont en première ligne à Bakhmout, a pour sa part indiqué qu'il était encore «prématuré» de parler d'un encerclement complet de la localité.
A lire aussi
Ville de quelque 70'000 habitants avant le conflit, la cité, aujourd'hui totalement détruite, est le théâtre de terribles combats depuis des mois. Du fait de la longueur de la bataille et des lourdes pertes subies par les deux camps, elle est devenue le symbole de la lutte entre Russes et Ukrainiens pour le contrôle de la région industrielle du Donbass, objectif affiché de Moscou.
Le Ministère russe de la Défense se félicite
«Les groupes d'assaut (ndlr: du groupe paramilitaire) Wagner poursuivent des opérations militaires de haute intensité pour refouler l'ennemi des quartiers du centre d'Artiomovsk (ndlr: nom donné par les Russes à Bakhmout)», a indiqué jeudi le Ministère russe de la Défense, dans son compte-rendu quotidien.
«Les troupes aéroportées soutiennent sur les flancs les groupes d'assaut, bloquant l'envoi de réserves de l'armée ukrainienne dans la ville et la possibilité d'un retrait (de Bakhmout) des unités de l'ennemi», a-t-il poursuivi.
Vigoureux démenti ukrainien
Contactée par l'AFP, l'armée ukrainienne a démenti tout blocage de ses soldats. «Nous pouvons communiquer complètement avec nos troupes, à la fois grâce à des moyens techniques, mais aussi pour y livrer des produits alimentaires, des munitions, des médicaments, tout le nécessaire, et pour récupérer nos blessés», a indiqué Serguiï Tcherevaty, un porte-parole militaire ukrainien.
«Nos forces maintiennent leur défense en infligeant quotidiennement des pertes folles à l'ennemi», a-t-il ajouté, précisant que l'artillerie ukrainienne menait «constamment» des tirs de contre-batterie sur les canons russes pour qu'ils ne puissent pas concentrer leurs tirs sur les lignes de ravitaillement vers Bakhmout.
Le groupe Wagner nuance
Evgueni Prigojine a, lui, pris plus de précautions que l'armée russe, dans un message publié par son service de presse sur Telegram.
«L'armée ukrainienne continue d'amener des renforts et de les transférer dans la ville. Des combats difficiles et sanglants sont en cours, donc il est prématuré d'évoquer un encerclement complet de Bakhmout», a-t-il indiqué. «Plus de 80% de Bakhmout est sous notre contrôle, les autres parties résistent avec acharnement», a-t-il ajouté.
Un décor apocalyptique
Ces derniers jours, les forces ukrainiennes semblent avoir perdu du terrain dans le centre de la ville, où plusieurs correspondants de guerre russes se sont rendus, montrant dans leurs reportages une ville dévastée, au décor apocalyptique.
Lundi, le chef de l'occupation russe de la région ukrainienne de Donetsk, Denis Pouchiline, a publié une vidéo le montrant dans le centre de Bakhmout et dans laquelle il affirmait que la ville était en train d'être «libérée».
Ces dernières semaines, les troupes russes ont progressé au nord et au sud de Bakhmout, coupant plusieurs routes d'approvisionnement ukrainiennes et s'emparant de sa partie orientale.
Depuis quelques jours, elles semblent progresser dans le centre de la ville, dans de furieux combats urbains, nourrissant à nouveau les spéculations quant à un retrait ukrainien à venir.
La bataille la plus longue et meurtrière
Début mars, alors que montait déjà la crainte d'une chute de Bakhmout, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, avait exclu tout retrait de ses troupes sur place.
Kiev assure que sa résistance depuis des mois à Bakhmout a permis de fixer à un endroit du front et détruire un grand nombre de troupes russes, même si des experts soulignent que la bataille a aussi un coût important pour l'armée ukrainienne.
Il s'agit de la bataille la plus longue et la plus meurtrière depuis le déclenchement de l'invasion russe en février 2022.
(ATS)