Vladimir Poutine est revenu à la charge contre les gouvernements occidentaux, pendant que son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky était quant à lui à Varsovie pour une visite officielle au cours de laquelle la Pologne a promis de demander que des garanties de sécurité supplémentaires soient accordées à l'Ukraine au prochain sommet de l'Otan prévu pour cet été à Vilnius, la capitale de la Lituanie.
«Il y a tout lieu de penser» que les capacités de pays tiers et des services secrets occidentaux sont «impliquées dans la préparation d'actes de sabotage et de terrorisme», tant dans les territoires ukrainiens contrôlés par Moscou qu'en Russie, a déclaré Vladimir Poutine au cours d'une réunion télévisée de son Conseil de sécurité.
Sur la guerre en Ukraine
Pilote ukrainien arrêté
Aux côtés des dirigeants – installés par la Russie – des quatre régions ukrainiennes dont elle a revendiqué l'annexion en 2022, le président russe a accusé Kiev de commettre dans ces territoires «des crimes graves contre les civils qui y vivent, n'épargnant personne.» Vladimir Poutine a ordonné aux forces de sécurité russes de «faire tout ce qui est en leur pouvoir pour assurer la sécurité de la population locale.»
Quelques heures après l'intervention du chef de l'Etat, les services de sécurité russes (FSB) ont annoncé l'arrestation d'un pilote ukrainien, dont le petit avion s'est écrasé dans une zone frontalière de l'Ukraine.
«L'avion s'est écrasé près du village de Boutovsk dans la région de Briansk pour des raisons inconnues. Le pilote (un citoyen ukrainien), qui a tenté de fuir vers le territoire ukrainien, a été arrêté par une unité de gardes-frontières», ont-ils raconté.
Kiev et ses «agents»
Les accusations de Vladimir Poutine viennent également trois jours après la mort d'un célèbre blogueur militaire russe, tué dans un attentat à la bombe dans un café de Saint-Pétersbourg (nord-ouest).
Maxime Fomine, connu pour son soutien farouche à l'offensive russe en Ukraine, est mort après avoir accepté une statuette piégée de la part d'une jeune Russe, Daria Trepova, qui a été arrêtée et placée en détention provisoire mardi.
Moscou a accusé Kiev et des «agents» de l'opposant emprisonné Alexeï Navalny d'être impliqués dans cet assassinat. Des responsables ukrainiens ont de son côté estimé qu'il s'agissait d'un règlement de comptes interne aux milieux soutenant l'offensive en Russie.
L'Ukraine a été précédemment accusée de plusieurs autres assassinats ciblés tant dans les régions occupées qu'en Russie même, ainsi que d'opérations de sabotage.
«Une crise profonde»
La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a affirmé mercredi que l'assassinat de Maxime Fomine serait «l'un des sujets de discussion» au Conseil de sécurité de l'ONU, dont la Russie a pris samedi la présidence tournante.
Quelques heures auparavant, Vladimir Poutine avait fustigé les Etats-Unis à l'occasion d'une cérémonie de remise des lettres de créance au Kremlin, en présence de l'ambassadrice américaine et de l'envoyé de l'UE.
Regrettant une «crise profonde» dans les relations entre Moscou et Washington, il a mis en cause le «soutien des Etats-Unis» à la révolution ukrainienne de 2014, qui a «mené en fin de compte à l'actuelle crise ukrainienne.»
Il a ensuite accusé l'Union européenne d'avoir été «à l'origine d'une confrontation géopolitique avec la Russie», constatant que les relations avec l'UE «se sont fortement détériorées ces dernières années.»
Volodymyr Zelensky en visite en Pologne
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a pour sa part effectué mercredi sa première visite officielle en Pologne depuis le début du conflit avec la Russie. A ses côtés à Varsovie, le président polonais Andrzej Duda a promis d'essayer d'«obtenir pour l'Ukraine (...) des garanties de sécurité supplémentaires qui renforceront son potentiel militaire.»
M. Duda a annoncé que son pays était prêt à livrer à Kiev, «à l'avenir», l'ensemble de sa flotte de chasseurs MiG-29 de conception soviétique.
Volodymyr Zelensky a une nouvelle fois fait part de l'ambition de son pays d'intégrer l'Otan, une alliance honnie de Moscou qu'a rejointe la Finlande mardi.
«Je voudrais dire à nos partenaires, qui cherchent constamment des compromis sur notre chemin vers l'Otan, que l'Ukraine sera intransigeante sur ce point», a-t-il martelé.
Evoquant la situation sur le terrain, le président ukrainien a affirmé que «l'ennemi n'a(vait) pas pris le contrôle» de la ville dévastée de Bakhmout, dans l'est, épicentre des combats depuis des mois.
Tandis que les forces russes ont lentement gagné du terrain ces dernières semaines, il a pour le moment exclu tout retrait ukrainien de cette cité. «S'il y a un risque de perdre du personnel en raison du siège, alors, bien sûr, il y aura des décisions appropriées et correctes», a précisé Volodymyr Zelensky.