L'ouverture des frontières aux réfugiés ukrainiens ne doit pas conduire à ce que des criminels pénètrent dans l'espace Schengen. Il faut éviter que ces derniers «ne profitent de la situation», a déclaré la ministre suisse de la Justice. Ses homologues de l'UE ont notamment en vue le commerce illégal d'armes, le trafic de drogue et la traite des êtres humains. En Suisse, on n'a pas encore trouvé de signes de ce genre, a poursuivi Karin Keller-Sutter.
Certains pays ont fait référence à leurs expériences après les guerres de Yougoslavie, après lesquelles le commerce illégal d'armes a continué à poser problème pendant longtemps. «Ici aussi, la recette est la protection des frontières extérieures», a déclaré la cheffe du Département fédéral de justice et police (DFJP).
En ce qui concerne les passages de la frontière en provenance d'Ukraine, les chiffres sont revenus au niveau d'avant-guerre, selon Mme Keller-Sutter. «Nous avons beaucoup moins d'entrées en Suisse», a-t-elle déclaré. Selon la commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, de nombreuses femmes et enfants ayant fui leur pays y retournent. Cela pourrait encore s'intensifier à la rentrée scolaire d'automne, a-t-elle ajouté.
Près de 60'000 Ukrainiens en Suisse
Selon les estimations du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), environ 8,8 millions de personnes ont fui l'Ukraine jusqu'au début du mois de juillet 2022. Actuellement, près de 60'000 Ukrainiens sont enregistrés en Suisse.
Selon la cheffe du DFJP, l'Ukraine est intéressée par le retour de ses habitants. C'est ce que lui aurait dit le ministre ukrainien de l'Intérieur, Denys Monastyrskyj, lors d'un entretien en marge de la réunion ministérielle.
Il s'agit en effet de personnes qualifiées dont l'Ukraine a besoin pour la reconstruction. Elle a donc également demandé aux ministres d'«envisager des programmes de retour communs pour les volontaires au niveau européen». En ce qui concerne les rapatriés, l'Ukraine est toutefois préoccupée par la sécurité, même dans les régions du pays qui sont moins fortement touchées par la guerre.
Clarifier les conditions de retour au pays
De son côté, Karin Keller-Sutter a déjà chargé le Secrétariat d'État aux migrations (SEM) de clarifier les questions juridiques liées au retour des Ukrainiens. «Même si la levée de la protection temporaire semble encore lointaine, nous devons nous y préparer dès maintenant», a-t-elle déclaré. La conseillère fédérale attend les premiers résultats au début de l'automne.
La rencontre des ministres de l'Intérieur de l'UE a également porté sur la migration en provenance de pays tiers, qui a fortement augmenté. Karin Keller-Sutter attribue ce phénomène à la détérioration de la situation économique - d'une part en tant que conséquence tardive de la pandémie de Covid-19, d'autre part en raison des difficultés d'approvisionnement provoquées par la guerre en Ukraine.
En Suisse aussi, les chiffres ont augmenté. Mais selon la conseillère fédérale, beaucoup sont de passage en France ou en Grande-Bretagne. Ils n'ont pas non plus déposé de demande d'asile en Suisse.
(ATS)