Les droits de douane de 25% sur l'acier et l'aluminium voulus par Donald Trump sont devenus effectifs mercredi à minuit (5h en Suisse), marquant une nouvelle étape dans la guerre commerciale entre les Etats-Unis et ses principaux partenaires commerciaux. Le président américain avait déjà taxé les importations d'acier et d'aluminium durant son premier mandat (2017-2021) mais cette nouvelle taxe se veut «sans exception et sans exemption», a-t-il assuré lors de leur annonce, début février.
Et ces nouvelles surtaxes «vont plus loin en couvrant toute une gamme de produits transformés. Et le gouvernement renforce également leur application, en réduisant les possibilités de contournement via des pays tiers» que celles imposées durant son premier mandat, a souligné dans une note le chef économiste d'EY, Gregory Daco.
L'UE aussi concernée
Le Canada, la Chine, l'Union européenne, le Japon ou encore l'Australie sont ainsi concernés, alors que le but affiché de Donald Trump est de protéger l'industrie sidérurgique américaine, qui voit sa production baisser d'année en année, confrontée à une concurrence de plus en plus vigoureuse, provenant notamment d'Asie.
Les Etats-Unis importent environ la moitié de l'acier et de l'aluminium utilisés dans le pays, pour des secteurs aussi variés que l'automobile ou l'aviation, la pétrochimie ou les produits de consommation de base, telles les conserves. «Les deux industries les plus consommatrices d'acier aux Etats-Unis sont le secteur automobile et la construction, qu'il s'agisse de bâtiments résidentiels ou commerciaux», a souligné Clarke Packard, chercheur au Cato Institute.
Depuis le début de son mandat, Donald Trump a fait un usage extensif des droits de douane, les utilisant à la fois comme outil de négociations avec les partenaires commerciaux des Etats-Unis, incitation à l'implantation d'entreprises dans le pays et source de revenus pour les finances fédérales.
La Chine, ennemi commercial No 1
Il a tout d'abord visé le Canada, le Mexique, de 25%, et la Chine, de 10% avant de porter le taux à 20%, accusant les trois pays de ne pas agir suffisamment pour lutter contre le trafic de fentanyl, un puissant opioïde cause d'une grave crise sanitaire dans le pays.
Mais les produits canadiens et mexicains importés aux Etats-Unis et respectant le cahier des charges de l'accord de libre-échange Canada-Etats-Unis-Mexique (ACEUM) ont finalement été exemptés jeudi, épargnant de fait une large part des importations.
Les droits de douane visant les produits chinois ont en revanche été maintenus et ont poussé Pékin à annoncer des représailles, visant en particulier des produits agricoles provenant d'Etats américains ayant largement vote en faveur de Donald Trump en novembre dernier.
L'Australie négocie une exemption
Le président américain a également menacé brièvement mardi le Canada de doubler les droits de douane sur l'acier et l'aluminium avant de reculer dans la même journée. D'autres matières premières, tels que le bois de construction ou les produits laitiers canadiens, ont été menacés et Donald Trump a régulièrement répété, depuis le 20 janvier, son intention d'imposer des droits de douane aux importations européennes.
Certains pays ont tenté de convaincre le président américain de les exempter, à l'image du Japon, dont le ministre de l'Economie, Yoji Muto, a fait le déplacement à Washington pour discuter du sujet avec ses homologues américains, mais sans grand succès de son propre aveu.
L'Australie a également entamé des négociations avec Washington, le président américain assurant «accorder une très grande importance» à la requête de Canberra, principalement du fait de l'excédent commercial des Etats-Unis dans leurs échanges bilatéraux.
Wall Street en panique
Cette frénésie d'annonce de nouvelles taxes à l'importation pèse de plus en plus sur les marchés: Wall Street a ainsi effacé lors des dernières la quasi totalité des gains réalisés depuis l'élection de Donald Trump, sur fond de crainte de récession aux Etats-Unis.
Avec également un risque sur l'inflation, comme le rappelle M. Packard qui juge qu'il «ne serait pas étonnant que les droits de douane se voient rapidement sur les prix», ajoutant que ces annonces multiples ne faisaient que «créer une énorme incertitude» sur la trajectoire de l'économie américaine.