La première frappe aérienne conduite lundi par des drones sur la localité éthiopienne de Mai Tsebri, dans le sud de la région septentrionale du Tigré, a tué dix-sept civils, ont indiqué mardi des sources hospitalières et humanitaires à l'AFP.
Un travailleur humanitaire a précisé que des dizaines de personnes avaient été blessées dans cette frappe, survenue moins de 72 heures après un bombardement similaire qui avait touché un camp de déplacés dans le nord-ouest du Tigré.
«La frappe à Mai Tsebri s'est déroulée hier (ndlr: lundi) dans l'après-midi et a tué 17 personnes travaillant dans une minoterie», a déclaré mardi cet homme. "Un témoin m'a dit que les drones sont arrivés et ont fait du vol stationnaire un petit moment avant de lâcher leurs bombes», a-t-il ajouté, faisant également état de dizaines de blessés.
Lors d'une autre frappe de drone mardi, deux personnes ont été tuées et des dizaines blessées à Hiwane, au sud de Mekele, la capitale du Tigré, ont indiqué un responsable et un médecin du principal hôpital de la ville.
Opérations humanitaires suspendues
Dans la nuit de vendredi à minuit, une frappe de drone avait déjà touché un camp de déplacés de la ville de Dedebit, faisant des «dizaines de victimes civiles, dont des morts», selon l'ONU et poussant les organisations humanitaires à suspendre leurs opérations dans la zone.
Selon les sources humanitaires interrogées mardi par l'AFP, cette attaque sur le camp de Dedebit a tué 59 personnes, l'une de ces sources faisant état en outre de 138 blessés. Il était toutefois impossible de vérifier ces chiffres en raison de l'accès restreint à cette zone.
Quatorze mois de conflit
La région du nord-ouest du Tigré est le théâtre depuis quatorze mois d'un conflit armé entre gouvernement fédéral et anciennes autorités locales, issues du Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF), parti qui dirigea de fait l'Ethiopie durant près de trente ans, jusqu'à l'arrivée au pouvoir de l'actuel Premier ministre, Abiy Ahmed.
Prix Nobel de la paix 2019, M. Abiy a envoyé en novembre 2019 l'armée fédérale au Tigré pour en destituer les autorités régionales qui contestaient son autorité depuis plusieurs mois et qu'il accusait d'avoir attaqué des bases militaires.
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M. Abiy a rapidement proclamé la victoire après la prise de Mekele, la capitale régionale, par les troupes éthiopiennes fin 2020. Mais les rebelles du TPLF ont repris la quasi-totalité du Tigré à la faveur d'une contre-offensive en juin dernier, avant de progresser dans les régions voisines de l'Amhara et de l'Afar et de se rapprocher d'Addis Abeba, la capitale de l'Ethiopie.
En décembre, les rebelles ont annoncé leur repli vers le Tigré, après une offensive des forces gouvernementales. Ces dernières opèrent depuis lors principalement par la voie aérienne pour frapper le bastion rebelle.
Des morts par milliers
Le conflit au Tigré a fait des milliers de morts et la région, soumise selon l'ONU à un «blocus de facto» de l'aide humanitaire, qui entraîne un manque de nourriture et de médicaments.
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Le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, lui-même originaire du Tigré, s'est dit sur Twitter «profondément inquiet des informations concernant une autre frappe de drone au Tigré, ayant causé des blessures et la mort de trop de civils».
«Je relaye l'appel du secrétaire général Antonio Guterres à mettre fin au conflit en Ethiopie et en faveur d'une aide humanitaire urgente», a-t-il écrit.
(ATS)