La capitale se prépare au combat
Face au regain du conflit, l'Ethiopie déclare l'état d'urgence

Le gouvernement éthiopien a déclaré mardi l'état d'urgence dans l'ensemble du pays, qui connaît un regain des combats après que les rebelles tigréens ont revendiqué ce week-end la prise de deux villes stratégiques du nord.
Publié: 02.11.2021 à 20:22 heures
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Dernière mise à jour: 02.11.2021 à 20:34 heures
L'Etat ethiopien connaît un regain des combats avec les rebelles tigréens.
Photo: keystone-sda.ch

Le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) a annoncé samedi la prise de Dessie et dimanche celle de Kombolcha, deux villes de la région de l'Amhara, voisine du Tigré, situées à un carrefour routier à 400 kilomètres au nord d'Addis Abeba. Ils n'ont pas exclu de marcher sur la capitale.

Le gouvernement a démenti avoir perdu le contrôle de ces villes mais si elle se confirmait, leur prise par les rebelles marquerait une nouvelle étape majeure dans le conflit qui les oppose depuis un an aux troupes pro-gouvernementales.

Les communications sont coupées dans une grande partie du nord de l'Ethiopie et l'accès des journalistes est restreint, rendant difficile toute vérification indépendante des positions sur le terrain.

La mesure doit être approuvée dans les 24 heures

Malgré ses dénégations sur la progression rebelle, le gouvernement a décrété l'état d'urgence sur l'ensemble du territoire.

Cette mesure «vise à protéger les civils contre les atrocités commises par le groupe terroriste TPLF dans plusieurs régions du pays», a rapporté le média d'Etat Fana Broadcasting Corporate.

Les législateurs doivent approuver cette mesure dans les 24 heures, selon Fana BC. Les détails n'en étaient pas immédiatement connus.

Les autorités demandent à la population de défendre la capitale

Plus tôt dans la journée, les autorités d'Addis Abeba ont demandé aux cinq millions d'habitants de la capitale de faire enregistrer leurs armes à feu dans les deux jours et de se préparer à défendre la ville.

«Tous les habitants doivent s'organiser par pâtés de maison et quartiers pour protéger la paix et la sécurité dans leur zone, en coordination avec les forces de sécurité», a déclaré le responsable du département de la paix et de la sécurité de la capitale, Kenea Yadeta.

Il a affirmé que les jeunes seraient «recrutés» et «organisés» dans ce but, et que «tous les secteurs de la société» devaient redoubler de vigilance, y compris les propriétaires de maisons et d'hôtels censés vérifier les identités de leurs locataires et visiteurs.

Spectaculaire revirement de situation

Débuté en novembre 2020, le conflit au Tigré connaît un spectaculaire revirement de situation ces derniers mois.

Le Premier ministre Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix 2019, avait proclamé la victoire le 28 novembre, après avoir envoyé l'armée dans la région pour destituer les autorités locales dissidentes issues du TPLF, qu'il accusait d'avoir attaqué des bases militaires fédérales.

Mais en juin, les combattants pro-TPLF ont repris l'essentiel de la région, forçant les troupes gouvernementales à se retirer largement. Ils ont ensuite poursuivi leur offensive dans les régions voisines de l'Amhara et de l'Afar.

Dans un discours lundi, Abiy Ahmed a affirmé que des étrangers combattaient aux côtés du TPLF, sans fournir plus de détails.

Nombreux récits d'exactions

Le récent regain des combats inquiète la communauté internationale, qui a renouvelé ces derniers jours ses appels à un cessez-le-feu immédiat et à des pourparlers de paix.

L'émissaire américain pour la Corne de l'Afrique, Jeffrey Feltman, a affirmé mardi que Washington s'opposait «à tout mouvement du TPLF vers Addis ou toute action visant à assiéger Addis».

Les Etats-Unis ont également annoncé qu'ils privaient l'Ethiopie d'importants avantages commerciaux accordés dans le cadre de l'AGOA (Loi sur le développement et les opportunités africaines, ndlr), en raison de violations des droits humains dans le conflit.

L'Ethiopie s'est dite extrêmement déçue par cette décision qu'elle souhaitait voir «annulée».

Les douze mois de conflit ont été marqués par de nombreux récits d'exactions (massacres, viols...), notamment sur les civils, et ont plongé le nord de l'Ethiopie dans une grave crise humanitaire, avec plusieurs centaines de milliers de personnes vivant dans des conditions proches de la famine, selon l'ONU.

(ATS)

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