Au Tigré
Les forces éthiopiennes se retirent de la ville de Dessie

Les forces éthiopiennes se sont retirées de la ville de Dessie, point stratégique de la région Amhara, au sud du Tigré. Cela après des combats avec des rebelles tigréens, ont indiqué samedi des résidents à l'AFP.
Publié: 30.10.2021 à 15:44 heures
L'armée éthiopienne a procédé à une campagne de bombardements aériens sur la capitale tigréenne Mekele et sa région.
Photo: Keystone/AP

Si elle était confirmée, la chute de Dessie, où avaient convergé depuis des mois des milliers de déplacés du conflit avec le Tigré, constituerait un revers de taille pour les autorités éthiopiennes, engluées depuis un an dans un conflit armé avec les rebelles issus du Front de Libération du peuple du Tigré (TPLF).

«Vers 02h00 du matin, les soldats éthiopiens ont commencé à quitter leurs positions dans la zone», a affirmé Amir, un habitant de Dessie qui a préféré ne pas donner son nom de famille.

Selon un autre résident, Mohammed, des rebelles tigréens du TPLF «sont entrés alors qu'il ne restait aucun soldat éthiopien» à Dessie, à environ 400 km au nord d'Addis Abeba. «Je ne sais pas si les soldats sont partis ou s'ils ont été capturés», a-t-il ajouté en expliquant qu'il devait désormais lui aussi quitter la ville.

Aucun commentaire n'était disponible auprès des autorités éthiopiennes et de représentants des rebelles tigréens. La plus grande partie du nord de l'Ethiopie est inaccessible pour les journalistes et les informations qui en proviennent sont très difficiles à confirmer de manière indépendante.

Campagne de bombardements

Les résidents de Dessie avaient depuis plusieurs jours fait état de concentration de troupes dans la région, à mesure qu'affluaient des milliers de personnes déplacées par les hostilités.

Le 20 octobre, les rebelles du TPLF avaient affirmé être «à portée d'artillerie» de Dessie, et le président de la région Amhara, Yilkal Kefale, avait appelé le lendemain les miliciens à converger vers la ville pour la défendre.

Dans le même temps, l'armée éthiopienne a procédé à une campagne de bombardements aériens sur la capitale tigréenne Mekele et sa région visant, selon Addis Abeba, des infrastructures utilisées à des fins militaires par les rebelles du TPLF.

Ces derniers ont en revanche dénoncé une série de bombardements de populations civiles qui ont fait au moins une quinzaine de morts, selon des sources locales.

Situation précaire

Le nord de l'Ethiopie est en proie aux combats depuis près d'un an. Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a envoyé l'armée fédérale au Tigré début novembre 2020 pour en chasser les autorités régionales dissidentes issues du TPLF, qu'il accuse d'avoir orchestré des attaques contre des bases militaires.

Il avait proclamé la victoire après la prise de Mekele fin novembre. Mais en juin, le TPLF a réussi à reprendre la majeure partie de la région, dont Mekele. L'armée éthiopienne s'est alors largement retirée, tandis que le TPLF a poursuivi son offensive dans les régions voisines de l'Amhara au sud et de l'Afar à l'est.

Les hostilités ont provoqué de nombreux déplacements de populations et, selon les Nations unies, placé quelque 400'000 personnes au bord de l'état de famine.

Les Nations unies et les grandes organisations humanitaires dénoncent régulièrement les conditions de blocus de facto du Tigré qui empêchent le déploiement de l'essentiel de l'aide internationale.

(ATS)

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