Supporters et casseurs: Paris sous pression
France-Maroc, match de tous les dangers pour les Parisiens

La demi-finale de ce mercredi 14 décembre nourrit toutes les inquiétudes. Le risque de voir les casseurs s'infiltrer parmi les supporteurs est, pour beaucoup de Parisiens, un fait garanti et incontournable.
Publié: 14.12.2022 à 19:15 heures
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Dernière mise à jour: 14.12.2022 à 19:18 heures
Les Champs-Elysées, à Paris, ont déjà été plusieurs fois le théâtre d'une mobilisation importante des supporters marocains. Jusque-là avec des dommages limités. Mais cette fois, l'affiche France-Maroc nourrit davantage d'inquiétudes.
Photo: AFP
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Richard WerlyJournaliste Blick

Les perceuses s’activent. Les grilles sont débarquées des camions. Les planches gisent sur le trottoir. Toute la journée de ce mercredi 14 décembre, les boutiques de luxe des Champs-Élysées, à Paris, sont restées ouvertes pour leur clientèle de touristes, parmi lesquels de nombreux Arabes du Golfe. Mais à partir de 17h, l’atmosphère a changé. Les cars de policiers sont arrivés, garés les uns derrière les autres sur le bas-côté de la prestigieuse avenue. Et les ouvriers se sont activés. Objectif: recouvrir le maximum de vitrines de protections grillagées ou en bois. Car dès la fin du match France-Maroc, supporters et casseurs sont attendus en masse.

L’amalgame est injuste

Supporters et casseurs: l’amalgame est injuste. Jusque-là, les fans de l’équipe du Maroc sont en général restés joyeux et calmes. Quelques échauffourées ont eu lieu près de l’Arc de Triomphe après la victoire du Maroc contre le Portugal, samedi 10 décembre, mais les dégâts sont heureusement restés limités. Problème: la France n’est pas le Portugal. Voir les Bleus affronter les Lions de l’Atlas n’a rien de comparable. «Ils seront déchaînés, quel que soit le résultat. Il y aura de la casse, c’est sûr», juge le patron d’un café dans le quartier de Montparnasse, autre épicentre probable de défilés de supporters.

Pourquoi cette peur? Les réponses sont contradictoires. La plupart des Parisiens interrogés par Blick admettent que le Maroc est une sorte d’équipe-sœur. Aucune rancœur au rendez-vous contre Les Lions, dont plusieurs piliers jouent dans des clubs français de Ligue 1 comme le SCO Angers, qui vient de confier sa communication au journaliste franco-algérien Mohamed Sifaoui, infatigable pourfendeur de l’islamisme.

Alors, pourquoi paniquer? La réponse est tue, mais elle affleure vite: regardez du côté des quartiers. Gare aux bandes organisées de casseurs qui, sans doute, sont déjà prêtes à passer à l’acte dans plusieurs endroits de la capitale française. Le scénario redouté est celui des avenues congestionnées par des véhicules. Les policiers ne pourront alors pas intervenir. À la Préfecture de police de Paris, les scénarios de crise ont été moulinés depuis plusieurs jours.

Les Champs-Élysées fermés à la circulation

Le plus probable, si la situation se tend à la fin du match, est que les Champs-Elysées seront fermés à la circulation. Mais comment faire alors pour que les violences ne migrent pas vers d’autres parties de Paris? Devant les vitrines des boutiques Hugo Boss et Bulgari, des ouvriers haussent les épaules. Ils désignent la rue de Rivoli, autre grande artère commerçante parisienne près du quartier des Halles, comme un lieu probable de confrontations entre casseurs et forces de l’ordre.

Le métro et le RER, le train de banlieue, risquent de fermer. Problème: des dizaines de milliers de Parisiens se retrouveront alors bloqués, empêchés de rentrer chez eux. Le Forum des Halles est aussi une cible possible. La capitale se voit déjà assiégée.

Beaucoup dépendra du résultat de la rencontre

La réalité? Difficile à prédire. Elle dépendra aussi du résultat de la rencontre. La France battue est le scénario qui inquiète. Depuis des jours, les médias prédisent même le pire si cela arrive. Mais au sein de la communauté marocaine, consciente de l’impact désastreux d’éventuelles violences, le mot d’ordre est de tout faire pour que cela ne dégénère pas. Un service d’ordre privé a même été mis sur pied par plusieurs clubs de la périphérie de la capitale, qui tiennent à préserver leur image et les subventions futures.

L’enjeu n’est en effet pas que celui des violences et des commerces. Il porte sur l’aide aux clubs communautaires, qui pourraient être revus à la baisse en cas de grabuge. Des appels en ce sens ont déjà été répercutés par plusieurs politiciens de droite.

Le risque de chaos, à l’image de ce qui s’est déroulé à Bruxelles, où vit une importante communauté marocaine, est dans toutes les têtes. Avec une certitude: si Paris échappe au pire, les Lions de l’Atlas auront gagné l’estime générale de la population française. Et leurs supporters aussi.

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