La direction de Sciences Po Paris a décidé la fermeture de ses principaux locaux vendredi en raison d'une nouvelle occupation par quelques dizaines d'étudiants mobilisés pour Gaza, au moment où le gouvernement redouble de vigilance face aux actions sur les campus français.
«Suite au vote de l'occupation des étudiants, les bâtiments du 25, 27, 30, rue Saint-Guillaume et du 56, rue des Saints-Pères, resteront fermés demain, vendredi 3 mai. Nous invitons à rester en télétravail», indique un message aux salariés, envoyé jeudi soir par la direction des Ressources humaines de Sciences Po.
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«Sit-in pacifique»
Après un débat interne sur le Proche-Orient jeudi matin qu'ils ont jugé «décevant, mais sans surprise», les étudiants du comité Palestine de Sciences Po ont annoncé jeudi après-midi le lancement d'un «sit-in pacifique» dans le hall de l'école et le début d'une grève de la faim par six étudiants «en solidarité avec les victimes palestiniennes».
Jeudi soir, l'occupation du campus a été votée par une centaine d'étudiants réunis en assemblée générale, a indiqué à l'AFP une membre du comité Palestine, qui n'a pas donné son nom.
Les grèves de la faim continueront jusqu'à «la tenue d'un vote officiel non anonyme au conseil de l'Institut pour l'investigation des partenariats avec les universités israéliennes», a déclaré Hicham, du comité Palestine.
Débat interne plein d'émotions
Après une mobilisation émaillée de tensions en fin de semaine dernière à Sciences Po, le mouvement avait été suspendu après l'accord de la direction pour organiser un débat interne –qualifié de «townhall», terme utilisé aux Etats-Unis pour une grande réunion publique.
«Ça a été un débat dur, avec des prises de position assez claires, beaucoup d'émotion», a indiqué Jean Bassères, l'administrateur provisoire de Sciences Po, qui accueille plusieurs milliers d'étudiants. Il a appelé au «calme» avant le début des examens lundi.
Jean Bassères a indiqué avoir «pris des positions assez fermes sur certains sujets», en refusant «très clairement la création d'un groupe de travail qui était proposé par certains étudiants pour investiguer nos relations avec les universités israéliennes».
Il en a appelé «à la responsabilité de chacun», dans un contexte de plusieurs actions en France, en écho à la mobilisation des campus aux Etats-Unis où la police s'est déployée sur plusieurs sites.
Maintien de l'ordre public
Non loin de Sciences Po, devant la Sorbonne, où la police était déjà intervenue lundi pour évacuer des manifestants, près de 300 étudiants venus de différents campus se sont réunis jeudi après-midi et ont organisé un campement d'une vingtaine de tentes.
Ils ont été délogés une heure plus tard par plus d'une centaine de membres des forces de l'ordre, selon une journaliste de l'AFP.
La ministre de l'Enseignement supérieur Sylvie Retailleau a demandé jeudi matin aux présidents d'université de veiller au «maintien de l'ordre» public, en utilisant «l'étendue la plus complète des pouvoirs» dont ils disposent, notamment en matière de sanctions disciplinaires en cas de troubles ou de recours aux forces de l'ordre, lors d'une intervention en visioconférence au conseil d'administration de France Universités.
Les universités françaises s'agitent
France Universités, qui fédère 116 établissements d'enseignement supérieur dont 74 universités, a «salué la détermination de la ministre à porter une voie équilibrée et ferme pour un retour au calme».
L'Union des étudiants juifs de France (UEJF) organise vendredi une «table du dialogue» place de la Sorbonne, pour «débattre avec les étudiants juifs», «lutter contre la polarisation du débat» et «montrer que l'on peut se mobiliser sans insulter et invectiver».
Les actions se sont multipliées ces derniers jours dans l'Hexagone, principalement sur les sites de Sciences Po à Paris et en régions, et dans quelques universités, dans un contexte politique électrique, La France insoumise étant notamment accusée par la droite d'"instrumentalisation» du mouvement.
Le campus Jourdan de l'Ecole normale supérieure (ENS) a été bloqué jeudi par des étudiants. A Lille, l'Institut d'études politique était fermé jeudi et les accès à l'Ecole supérieure de journalisme (ESJ) bloqués.
A Sciences Po Lyon, «une petite centaine» de personnes occupaient jeudi soir un amphithéâtre, a indiqué une représentante du syndicat étudiant Unef à l'AFP. A Saint-Etienne, une poignée d'étudiants ont bloqué jeudi matin les accès à un site universitaire, avant d'être évacués par la police.
(AFP)