Les Français rêvent de référendum. Tous les sondages le disent: nos voisins aimeraient être plus souvent consultés, à tous les niveaux de décision. Sauf que lorsque cela arrive, ils sont bien peu nombreux à se rendre aux urnes.
Ce dimanche, moins de 6% des 1,35 million d’électeurs parisiens, soit 78'121 Parisiens, ont déposé un bulletin de vote pour ou contre la surtaxation des SUV, les Sport Utility Vehicle qui vrombissent sur nos routes et dans nos rues.
Pour ou contre?
Le libellé exact de cette consultation parisienne était le suivant: «Pour ou contre la création d’un tarif spécifique pour le stationnement des voitures individuelles lourdes, encombrantes, polluantes?» Résultat: une victoire du «pour» sur le fil du rasoir, avec 54,55%. Circuler en SUV «polluant» dans la capitale française coûtera donc désormais bien plus cher à son propriétaire s’il choisit de le garer.
La faible mobilisation électorale a évidemment aussitôt été utilisée par l’opposition municipale pour attaquer de nouveau l’actuelle maire socialiste, Anne Hidalgo, alliée aux écologistes et très contestée pour son bilan à la tête de la ville depuis 2016. Dans le très chic XVIe arrondissement de Paris, des propriétaires de SUV ont même choisi de bloquer, le jour du vote, quelques bureaux électoraux.
La presse a aussi révélé et commenté une information gênante pour la maire de Paris: son véhicule de fonction électrique, une Renault Zoé, est plus lourde que pas mal de SUV dénoncés par les partisans de la surtaxation des parkings. 1500 kilos pour la Zoé municipale contre 1200 en moyenne pour les SUV dernier cri.
Hausse des tarifs de parking
Alors, contestable ou pas ce référendum qui, une fois appliqué, entraînera une hausse des tarifs de parkings pour SUV de 75 euros à 225 euros pour dix heures de stationnement? Le visiteur dont le véhicule thermique ou hybride rechargeable dépasse 1,6 tonne, ou deux tonnes pour un véhicule électrique, devra payer 18 euros l’heure pour les arrondissements centraux, 12 euros pour les arrondissements extérieurs ne sont pas concernés, selon le communiqué de la Mairie: «Les résidents parisiens et les professionnels sédentaires stationnés dans leur zone de stationnement autorisé, les chauffeurs de taxi dans les stations dédiées, les artisans, professionnels de santé» et les personnes handicapées…
La réponse, en tout cas, mériterait d’être étudiée de près ailleurs, par exemple en Suisse, où l’achat d’un véhicule représente le deuxième investissement le plus important pour les ménages privés, après le logement, selon Auto-Suisse. Mais c’est au nombre de chevaux sous le capot que les suisses se distinguent. Toujours selon Auto-Suisse, plus d’une voiture sur deux achetée dans le pays en 2023 était un 4x4.
Les SUV, tous segments confondus, y ont représenté près de 50% des nouvelles immatriculations. Une statistique qui n’est, d’ailleurs, pas si étonnante: à l’échelle internationale, les SUV représentent désormais 45% des ventes de véhicules dans le monde et 38% dans l’Union européenne. En 2021, l’ensemble de ces SUV a émis plus de 900 millions de tonnes de CO2. Pour mettre cela en perspective, si ces véhicules formaient un pays, ils se classeraient au sixième rang mondial des États les plus pollueurs.
Un vote bientôt à Genève
Alors, à quand une votation helvétique sur les SUV, à l’image de Paris où les trottinettes électriques de location ont déjà été bannies, début août, à la suite d’un vote survenu en avril? Le pli est pris, en tout cas, de consulter les citoyens sur leurs automobiles. Mais pas tout à fait dans le même sens. A Genève, c’est sur la révision de l’imposition des véhicules que l’on votera bientôt. Les citoyens devront choisir entre une initiative de l’UDC pro automobiliste, qui vise à diviser par deux l’impôt sur les véhicules, et un contre-projet qui tient compte de l’urgence climatique.
Gare aux SUV thermiques, lourds et polluants: si le contre-projet l’emporte, les véhicules électriques seront taxés en fonction de leur poids alors que ceux dotés d’un moteur à explosion seront taxés en fonction de leurs émissions de CO2. Le projet initial pro automobiles, intitulé «Pour la réduction de l’impôt sur les véhicules» a été lancé, sur les bords du Léman, en réaction aux difficultés de se déplacer en transports individuels et à trouver des places de parking.