Que Marine (Le Pen) se compare à Martin (Luther King Jr), c’est invraisemblable pour la famille du pasteur antiraciste américain. Le fils du mémorable militant pour la cause noir américaine et son épouse dénoncent une «distorsion inappropriée de l’histoire», rapporte BFMTV ce lundi 14 avril.
«Notre combat sera un combat pacifique, un combat démocratique. Nous prendrons exemple sur Martin Luther King qui a défendu les droits civiques», a déclaré la cheffe de file du Rassemblement national (RN) le 6 avril dernier, dans la foulée de sa condamnation à l’inéligibilité – et quatre ans de prison dont deux fermes – pour détournement de fonds publics européens. Elle était alors en appel vidéo avec Matteo Salvini, le dirigeant du parti d’extrême droite italienne La Lega, pour dénoncer une justice française qu’elle voit comme politisée.
Une «fausse équivalence» de luttes
Martin Luther King III et Andrea Waters King, les descendants du Nobel de la paix non-violent assassiné en 1968 par un ségrégationniste blanc, déplorent une «tentative de déformation ou d’établissement de fausses équivalences avec la lutte du Dr King pour les droits civiques». L’entourage de Marine Le Pen a déjà fait référence, début avril, au leader de la lutte contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis.
Objectif? Lancer des manifestations «pour la démocratie» – ou plutôt contre la condamnation de la fille de Jean-Marie – qu’ils espèrent pacifiques. Après un recours du RN, un jugement en appel à l’été 2026 confirmera ou infirmera cette condamnation en première instance dans l’affaire des assistants parlementaires européens.
Combat contre ou pour la justice?
Marine Le Pen se voit en présidente de la République. C'est pourquoi elle s’attaque avec virulence aux magistrats qui ont, selon elle, mis volontairement fin à son rêve. Mais pour les héritiers Luther King, la comparaison «porte atteinte aux sacrifices consentis par ceux qui se sont opposés à la haine et se sont battus pour la justice».
La référence de la présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale a fait bondir ses opposants politiques, comme le coordinateur national de La France Insoumise (LFI), Manuel Bompard, qui y voit une «indécence crasse» de la part du parti anti-immigration. Ce lundi 14 avril, Marine Le Pen a aussi ouvert la voie au scénario Jordan Bardella pour la présidentielle 2027, en cas de confirmation de sa condamnation. Fera-t-il référence à Gandhi pour passer l’épaule?