Depuis sa condamnation il y a deux semaines, Marine Le Pen refusait d’évoquer un plan B en vue de la présidentielle 2027. Mais en coulisses, la patronne du Rassemblement national (RN) anticipe bel et bien un scénario dans le cas où elle resterait inéligible, révèlent «Le Figaro» et franceinfo ce lundi 14 avril.
Si sa condamnation est confirmée en appel à l’été 2026, Marine Le Pen prévoit de désigner Jordan Bardella comme candidat à sa place, sans attendre l’éventuelle décision de la Cour de cassation, qu’elle entend pourtant saisir. Elle cesserait ce jour-là de se dire candidate.
Passage de flambeau déjà programmé
Le RN a déjà calé la date: ce serait en septembre 2026, lors de son Congrès pour renouveler les instances du parti, que la candidature de son poulain de 29 ans à l’élection présidentielle serait officialisée. Une échéance fixée il y a un mois et demi, avant même la première condamnation de Marine Le Pen, selon le trésorier du parti.
Mais le parti d’extrême droite se prépare aussi à un autre scénario: une dissolution de l’Assemblée nationale. Inéligible, Marine Le Pen ne pourrait pas se représenter. Là encore, Jordan Bardella serait envoyé en première ligne. Candidat pour la première fois à des législatives, il viserait alors la présidence du groupe RN à l'Assemblée.
Certains imaginent que Marine Le Pen pourrait éviter de faire tomber le gouvernement Bayrou pour conserver son siège à l’Assemblée. Elle balaie l’argument: si elle juge l’action nécessaire, elle n’hésitera pas à provoquer la chute du gouvernement, quitte à disparaître du Parlement.
Rappel des faits
Le 31 mars, Marine Le Pen a été condamnée, avec 23 autres membres du RN, pour détournement de fonds publics dans l’affaire des assistants parlementaires européens. Le préjudice est estimé à 4,4 millions d’euros.
La triple candidate à l’Elysée a écopé de quatre ans de prison, dont deux fermes aménageables sous bracelet électronique, d’une amende de 100'000 euros et de cinq ans d’inéligibilité. Elle a fait appel et bénéficie donc à nouveau de la présomption d’innocence.