C'est un 1er Mai des plus agités qu'a vécu la France, ce lundi. «Si la très grande majorité des manifestants furent pacifistes bien sûr, à Paris, Lyon et Nantes notamment les forces de l'ordre font face à des casseurs extrêmement violents venus avec un objectif: tuer du flic et s'en prendre aux biens des autres», a tweeté le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.
À Paris, «un policier a été grièvement blessé, brulé à la suite d'un jet de cocktail molotov», a poursuivi M. Darmanin, précisant que son pronostic vital n'était pas engagé. Au moins 108 policiers et gendarmes ont été blessés lundi en France, dont «une vingtaine» à Paris, a indiqué le ministre, qui a ajouté que 291 personnes avaient été interpellées dans le pays, dont 90 dans la capitale.
Tensions dès le départ du cortège à Paris
Dans la capitale, les premières tensions se sont produites dès le départ de la manifestation vers 14h15 de la place de la République. Depuis le pré-cortège, composé de plusieurs centaines de manifestants vêtus de noir, des projectiles ont été lancés sur les forces de l'ordre, et plusieurs commerces ont été caillassés sur le parcours.
Du fait de ces dégradations et afin «d'éviter que les éléments radicaux se fixent et empêchent la déambulation», les forces de l'ordre sont intervenues pour scinder le pré-cortège du cortège syndical, a commenté la préfecture de police (PP) de Paris. La PP a dénombré «plusieurs blessés parmi les forces de l'ordre, dont dix déjà transportées à l'hôpital».
Les heurts se sont intensifiés vers 16h15 à l'arrivée du pré-cortège place de la Nation, point final du défilé. Des centaines de «black blocs» ont notamment fait usage de feux d'artifice en tir tendu sur les forces de l'ordre, qui ont répliqué à grand renfort de lacrymogènes et de grenades défensives.
Les affrontements étaient encore en cours à 18h place de la Nation, où des bornes de vélos en libre-service ont été incendiées.
Également à Nantes, Rennes et Lyon
À Nantes, les affrontements, qui ont duré une bonne partie de l'après-midi, ont fait cinq blessés, dont un gendarme et un manifestant touché à une main, selon la préfecture. Des manifestants ont par ailleurs incendié deux voitures.
À Rennes, où une première manifestation syndicale dans un quartier populaire s'était déroulée dans le calme en fin de matinée, un deuxième rassemblement organisé dans l'après-midi au centre-ville s'est rapidement tendu, les forces de l'ordre répliquant par des tirs de gaz lacrymogènes et des lancers d'eau aux jets de projectiles.
Des violences et d'importantes dégradations ont également émaillé la manifestation intersyndicale à Lyon, des incidents liés selon la préfecture à la présence de «2000 individus à risque dont 1000 black blocs».
Au moins quatre voitures ont été incendiées sur le parcours, et des abribus, des commerces, des banques, des assurances et des agences immobilières ont été vandalisés.
Les autorités ont fait état de 40 interpellations à Lyon. Les forces de l'ordre ont dénombré 15 blessés légers dans leurs rangs et un plus sérieusement à la main. Six manifestants ont été aussi légèrement touchés.
Utilisation de drones de surveillance
Sur Twitter, la Préfecture du Rhône a dénoncé les «comportements criminels» des «groupes violents» et s'est félicitée de l'utilisation de deux drones de surveillance, qui a permis de «détecte(r) un mouvement d'éléments radicaux qui souhaitaient s'en prendre à la mairie du 7e arrondissement».
Contesté devant quatre tribunaux administratifs par des organisations de défense des libertés, l'usage de ces drones par les forces de l'ordre a été validé par la justice administrative à Lyon, Bordeaux et Paris. Le Tribunal administratif de Rouen a en revanche limité, pour la manifestation du Havre, le périmètre et les horaires d'utilisation des aéronefs.
Des incidents ont également été recensés dans les cortèges à Bordeaux (21 interpellations) et Toulouse (16 interpellations). Les autorités ont dénombré quatre blessés légers, dont deux manifestants, à Bordeaux, et sept blessés, dont quatre policiers et gendarmes à Toulouse.
À Marseille, quelque 200 personnes ont brièvement occupé l'hôtel Intercontinental, un hôtel de luxe, y causant des dégradations au passage, après le traditionnel défilé qui s'est lui déroulé dans le calme.
(ATS)