Un 1er Mai musclé
Bâle, Zurich et Berne: tensions après des interventions policières massives

Une intervention policière avec blocage de l'itinéraire de la manifestation du 1er Mai a tourné au vinaigre lundi à Bâle. Ce n'est qu'après plus de deux heures d'encerclement que la situation s'est quelque peu calmée. À Zurich et Berne aussi, la tension était palpable.
Publié: 01.05.2023 à 16:09 heures
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Dernière mise à jour: 01.05.2023 à 22:23 heures
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La police bâloise a déployé d'importants moyens lundi en marge du défilé du 1er Mai.
Photo: STEFAN BOHRER

À l'occasion du 1er Mai, des milliers de manifestants ont réclamé lundi l'égalité ainsi que des hausses de salaires et de rentes lors de défilés dans les principales villes de Suisse. Mais ce lundi a été tendu à Bâle (et pas seulement).

La police de la cité rhénane avait déployé un important dispositif de véhicules grillagés et de canons à eau pour bloquer le parcours autorisé de la manifestation quelques centaines de mètres après son départ. Elle a encerclé environ 70 participants en tête du cortège «en raison de la présence de groupes encagoulés et équipés de matériel de protection», a-t-elle indiqué sur Twitter.

Les tentatives de la police d'envoyer le reste de la manifestation sur un itinéraire alternatif ont échoué. Les syndicats traditionnels et le PS, qui s'étaient initialement distanciés du «bloc anticapitaliste» installé en tête de cortège en se tenant à distance, s'en sont montrés solidaires et ont rejoint le défilé. Le porte-parole d'Unia, Lucien Robischon, a fermement condamné l'intervention policière «contre des manifestants pacifiques», parlant de «scandale».

«La rue nous appartient le 1er mai»

Sur le lieu du blocage, la présidente du syndicat Unia, Vania Alleva, oratrice principale annoncée, a abondé dans ce sens. Il est important de donner un signal, a-t-elle déclaré: «La rue nous appartient le 1er mai». L'engagement combatif pour les droits des travailleurs est plus important que jamais.

«À part du spray au poivre, on ne nous fera pas de cadeau», a lancé Mme Alleva. Elle faisait allusion aux moyens déployés par la police, qui a utilisé à plusieurs reprises des balles en caoutchouc et du spray au poivre contre les manifestants bloqués. La députée bâloise Tonja Zürcher, qui aurait voulu éviter une confrontation directe entre les fronts de la police et de la manifestation, en a notamment fait les frais, a-t-elle déclaré à Keystone-ATS.

Face à cette situation, les syndicats ont décidé de déplacer la fête du 1er Mai prévue à la Kasernenareal, dans le Petit-Bâle, près du lieu du blocage.

En soirée, la police bâloise a annoncé avoir contrôlé 317 personnes, dont une vingtaine a été emmenée au poste de police. Trois manifestants ont dû recevoir des soins en raison d'une réaction à un produit irritant et un policier a été légèrement blessé.

Zurich: la police intervient contre deux manifestations non autorisées

La situation s'est tendue lundi après-midi à Zurich également, en marge des manifestations du 1er Mai. La police zurichoise a stoppé deux manifestations non autorisées dans l'après-midi. Au moins onze personnes ont été emmenées au poste pour des clarifications. Plus de 200 personnes ont été expulsées et deux ont été blessées.

L'engagement dans le quartier de Kanzlei était encore en cours en début de soirée, a indiqué la police municipale. Un premier cortège avait été stoppé peu après 15h sur l'Helvetiaplatz. Les manifestants se sont retirés dans le Kanzlei.

La police a exigé que les personnes présentes se soumettent à des contrôles. Des actions de perturbations ont alors été lancées de l'extérieur de la zone. Les policiers ont été visés par des jets d'objets et ont répliqué avec des gaz lacrymogènes et des canons à eau, précise la police.

Vers 16h30, une deuxième manifestation rassemblant plusieurs dizaines de personnes masquées s'est mise en marche en direction de la Langstrasse, plus au nord. Elle a provoqué des dégâts matériels, écrit la police, qui a fait état de deux blessés et a dit avoir dispersé environ 200 fauteurs de troubles. Les Jeunes socialistes ont dénoncé «une violence policière massive», alors que l'UDC a félicité les forces de l'ordre.

Agitation aussi dans la capitale

Une manifestation non autorisée en marge des célébrations du 1er Mai a entraîné d'importantes restrictions dans les transports publics à Berne lundi soir. La société municipale de transport a dû cesser d'exploiter douze lignes. Selon la police cantonale bernoise, la manifestation a marché en direction du Kocherpark.

En raison d'une visite d'État annoncée et de l'événement officiel du 1er Mai sur la Place fédérale, la police a indiqué ne pas pouvoir tolérer une foule dans le centre-ville, a-t-elle écrit sur Twitter. Les participants en ont été informés par des annonces par haut-parleur.

D'après un journaliste de l'agence de presse Keystone-ATS, plusieurs centaines de manifestants étaient présents. Certains ont allumé des engins pyrotechniques. La police a tenté d'empêcher la marche vers le centre-ville. Il y avait de nombreux véhicules de police sur la route et des sirènes pouvaient être entendues. Selon les médias locaux, des mouvements antifascistes et anarchistes de Berne avaient appelé au rassemblement.

2000 manifestants dans le calme à Genève, 300 à 400 à Lausanne

À Genève, le cortège a réuni quelque 2000 personnes. Alors que la droite s'est renforcée aux récentes élections cantonales, les syndicats et la gauche s'étaient donné pour objectif de relancer le mouvement social. En cette année électorale, tous les élus genevois de gauche à Berne étaient visibles, aux côtés des élus cantonaux et municipaux.

Du côté de Lausanne, le cortège du 1er Mai a rassemblé entre 300 et 400 manifestants. Parmi eux, des délégations de travailleurs du second œuvre romand ont exigé des améliorations de leur CCT en cours de renouvellement.

(ATS)

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