Colère à l'horizon
Grève massive jeudi en France contre la réforme des retraites

Trains à l'arrêt, écoles fermées. La France se prépare à une journée de grève massive jeudi contre une réforme des retraites sur laquelle le président, Emmanuel Macron, joue son crédit politique dans un pays fracturé.
Publié: 18.01.2023 à 17:55 heures
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Dernière mise à jour: 18.01.2023 à 17:58 heures
«Ce sera un jeudi de galère (...), de fortes perturbations dans les transports», a estimé le ministre délégué aux Transports, Clément Beaune (image d'illustration).
Photo: TERESA SUAREZ

Le projet et sa mesure phare de report de l'âge de départ à 64 ans contre 62 aujourd'hui se heurte à un front syndical uni et une large désapprobation dans l'opinion.

Au plan politique, la partie est serrée pour un gouvernement qui ne dispose que d'une majorité relative à l'Assemblée nationale. La gauche et l'extrême droite sont opposées à la réforme, seule l'opposition de droite classique offrant une possibilité de compromis.

«Il faut dire stop»

Benjamin, 45 ans, ira manifester à Paris. «Quand on vous dit que vous allez bosser deux ans de plus dans des mauvaises conditions salariales et de travail (...), c'est la double peine», dit à l'AFP ce professeur d'histoire-géographie pour qui «à un moment donné, il faut dire stop».

Eleonora, médecin urgentiste de 41 ans, défilera à Marseille (sud) «par solidarité avec ceux qui ont un travail plus pénible» que le sien. «On n'a qu'une vie!», rappelle-t-elle.

Plus de 10'000 policiers et gendarmes, dont 3500 à Paris, seront mobilisés pour sécuriser les manifestations, selon le ministère de l'Intérieur qui s'attend à Paris à «un petit millier» de manifestants «qui pourraient être violents».

«Jeudi de galère»

Le gouvernement a appelé à ne pas transformer la mobilisation «en blocage» du pays et espéré qu'elle ne durera pas. «Ce sera un jeudi de galère (...), de fortes perturbations dans les transports», a estimé le ministre délégué aux Transports, Clément Beaune, en appelant à différer les déplacements ou à télétravailler.

L'aviation civile a demandé aux compagnies aériennes d'annuler jeudi un vol sur cinq à l'aéroport de Paris-Orly, en raison d'une grève de contrôleurs aériens. Côté rail, la compagnie nationale SNCF prévoit une circulation «très fortement perturbée» avec un train grande vitesse (TGV) sur trois, voire un sur cinq selon les lignes, et à peine un train régional sur dix en moyenne.

Mouvement reconductible?

Le métro parisien sera également très réduit avec trois lignes fermées, dix ouvertes «uniquement aux heures de pointe» et un «risque de saturation» sur les trois dernières, selon la régie des transports parisiens RATP.

M. Beaune a appelé les automobilistes qui redoutent des pénuries provoquées par d'éventuels arrêts de travail dans les raffineries à ne «pas prendre de mesures de précaution». Dans la pratique, certaines stations-services sont déjà à sec.

Des grèves, éventuellement reconductibles, sont aussi prévues dans le secteur électrique. Dans l'éducation, 70% des enseignants du primaire seront en grève et de nombreuses écoles fermées - «au moins un tiers» à Paris - d'après leur principal syndicat.

En reconnaissant l'impossibilité de prévoir le degré de mobilisation dans le secteur privé, le patron du syndicat CGT, Philippe Martinez, a estimé qu'il y aurait «dans certains grands groupes, des taux de grévistes qui vont avoisiner les 60, 70%». Il a souhaité un mouvement reconductible «partout où c'est possible».

Pétition en ligne

Une pétition en ligne contre une «réforme injuste et brutale», créée par des syndicats unis pour la première fois depuis 12 ans, a dépassé mercredi les 500'000 signatures. Des rassemblements sont attendus dans 215 à 250 villes selon les sources qui espèrent une mobilisation dépassant «le million» de manifestants. Cette jauge symbolique aiderait le mouvement à s'inscrire dans la durée.

La réforme des retraites fait partie des promesses de campagne du président Macron, réélu l'an dernier. La Première ministre, Elisabeth Borne, est en première ligne pour la soutenir face à des syndicats qui mettent notamment en exergue de multiples questions liées aux personnes ayant commencé à travailler très jeunes, ou à celles exerçant des métiers physiquement pénibles.

Mme Borne défend quant à elle «un projet de justice et de progrès social», assurant que «quatre Français sur dix, les plus fragiles, les plus modestes, ceux qui ont des métiers difficiles, pourront partir avant 64 ans».

Un précédent projet, en 2019, avait été gelé après de forts mouvements sociaux et en raison de la pandémie de Covid-19.

(ATS)

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