L’influence de la France dans le monde se résume à un siège en classe affaires! À en croire les médias français en tout cas, c’est presque ça. Le refrain est unanime depuis que le président ukrainien est arrivé ce samedi 20 mai à Hiroshima (Japon), à bord d’un Airbus de la République spécialement affrété. Déluge de tweets et de commentaires. Bravo pour ce transport aérien d’exception, qui a permis à Volodymyr Zelensky de faire escale la veille du sommet de la Ligue Arabe à Riyad (Arabie saoudite) et d’y être reçu en hôte de marque par le prince héritier Mohammed ben Salmane et ses pairs.
L’avion français, à l’empennage tricolore, est ensuite reparti pour le Japon. Les photos ont fait le tour du monde. En arrière-plan de toutes les images qui montrent Zelensky en train de descendre de l’appareil, le mot «République» est à chaque fois à l’honneur. «La France soutient le président Zelensky dans sa tournée internationale. Il s’est rendu aujourd’hui au sommet de la Ligue Arabe avec un avion gouvernemental français», s’est réjoui le député pro-Macron Benjamin Haddad, expert en relations internationales.
L’influence de la France
Coup de maître pour Emmanuel Macron? C’est la version donnée à Paris, où l’on se félicite depuis plusieurs jours de l’avancée de la tentative de médiation de la Chine, entamée à en croire le ministère des Affaires étrangères, après la visite du président français à Pékin, du 5 au 8 avril dernier.
Celui-ci avait été ensuite très critiqué pour ses déclarations sur Taïwan, témoignant de sa méfiance envers un possible engrenage dicté par le duel entre les États-Unis et la Chine. Son entourage, pour calmer le jeu, avait assuré avoir obtenu l’assurance de Xi Jinping sur une démarche pacifique chinoise. Vrai? Faux? Quelle influence a joué Paris dans la décision du président chinois de parler au téléphone avec Zelensky le 28 avril pour la première fois depuis le début du conflit en Ukraine, et juste après la nomination d’un nouvel ambassadeur ukrainien à Pékin? A coup sûr, cette conversation téléphonique sera évoquée au G7 de Hiroshima qui s’achève ce week-end dans la ville japonaise vitrifiée par une bombe atomique américaine, le 6 août 1945.
Promesses des États-Unis
Le «cocorico» aérien français est une réponse ironique à l’accélération des discussions sur la fourniture possible d’avions de combat F-16 à l’Ukraine. À la France, le vol civil pour transporter le président. Aux autres pays, le soin éventuel de livrer des chasseurs bombardiers pour lesquels Paris a accepté de former des pilotes ukrainiens.
A peine arrivé au Japon, le président des États-Unis Joe Biden a ouvert la voie. «Les États-Unis autorisent leurs alliés occidentaux à fournir à l’Ukraine des avions de combat de pointe, notamment des F-16 de fabrication américaine», a d’emblée déclaré vendredi son conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan. Une autre déclaration encore plus explicite a suivi, avant même l’arrivée sur place de Volodymyr Zelensky: «Dans les mois à venir, les États-Unis et leurs alliés décideront quand fournir des avions à réaction, combien nous en fournirons et qui les fournira.»
La porte semble ouverte avec, comme contrepartie dans la plupart des cas, la fourniture de F-35 américains (achetés par la Suisse) aux États européens qui donneront leurs F-16. Donnant-donnant…