La 28e conférence de l'ONU sur le climat est suspendue vendredi à la publication d'1 nouveau projet d'accord et peut-être de nouvelles formules sur les énergies fossiles. La dernière ligne droite des négociations est engagée dans une atmosphère plus tendue que jamais. «S'il vous plaît, finissons le travail!» a lancé le président de la COP 28, Sultan Al Jaber, vendredi matin aux négociateurs des pays, après la journée traditionnelle de pause de jeudi. Il a mis au travail quatre binômes de ministres des pays développés et du Sud pour débloquer les discussions.
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Il a demandé une troisième version du projet d'accord dès vendredi après-midi. «Sortie juste et ordonnée» ou réduction, allusion au captage des émissions... Les délégués scruteront les formules autour des énergies fossiles. Interrogé en conférence de presse par l'AFP, il n'a pas promis que charbon, gaz et pétrole figureraient dans le texte final, mais il a répété, comme il le fait depuis six mois, que la réduction des fossiles était «inévitable».
Opposition à une sortie brute du fossile
«Il est certain que le déclin de la consommation d'énergies fossiles va se produire, à terme» a-t-il répondu. Mais, en allusion à sa position habituelle qu'il ne faut pas débrancher trop vite le pétrole, il s'est redit «réaliste, pragmatique». «Nous devons être justes. Nous devons être équitables. Nous devons être ordonnés et responsables dans la transition énergétique», a-t-il soutenu. Sultan Al Jaber, par ailleurs patron de la compagnie pétrolière Adnoc, a prévenu les 197 pays participants qu'il voulait clôturer la COP à l'heure, mardi à 11h00, ce qui serait exceptionnel: les quatre dernières COP ont toutes débordé de plus de 24 heures.
«Faisons de cette COP la plus importante depuis Paris», a lancé le Danois Dan Jorgensen, l'un des ministres à la manoeuvre. Malgré son opposition à une sortie brusque des fossiles, dont elle est la première consommatrice mondiale, la Chine est considérée comme «constructive», rapportent des participants. Son négociateur, Xie Zhenhua, multiplie les réunions, semblant indiquer que son pays ne souhaite pas de fiasco final.
«La Chine est le plus gros producteur mondial d'éolien et solaire. Et elle a la capacité de répondre au changement climatique sur le même pied que les pays riches tout en partageant les mêmes inquiétudes que les pays en développement», souligne vendredi Yuan Ying, de Greenpeace East Asia. «Ce rôle intermédiaire permet à la Chine de débloquer ces négociations engluées dans la deuxième semaine», espère l'experte.
Trouver un consensus
Beaucoup de diplomates voient un signe très positif dans la déclaration commune Etats-Unis et Chine de novembre. Les deux puissances proposaient d'«accélérer suffisamment le déploiement des énergies renouvelables» pour «accélérer le remplacement de la production d'électricité à partir du charbon, du pétrole et du gaz». Des formulations originales peuvent encore surgir: «ce n'est pas binaire ou trinaire, il faudra trouver quelque chose qui permette d'avoir un consensus», confie un négociateur du camp de la sortie des fossiles.
Le groupe des pays arabes et l'Arabie saoudite en particulier sont «très obstructionnistes», confie un observateur membre d'une ONG. «Ryad veut montrer clairement qu'ils ne changeront pas leur politique énergétique sous pression des militants climatiques», analyse pour l'AFP Umar Karim, expert du pays à l'université de Birmingham. En même temps, souligne Kristian Ulrichsen, expert du Moyen Orient à la Rice University, «les Saoudiens ne veulent pas apparaître comme isolés». Il estime que le royaume cherchera à faire alliance avec d'autres pays, dont la Russie et la Chine.
Des dizaines de jeunes activistes se sont rassemblés vendredi pour appeler à la fin des fossiles, lors d'une manifestation organisée par les «Fridays for Future», le mouvement de la grève de l'école lancée par la Suédoise Greta Thunberg, absente. «Plus de charbon, plus de pétrole, gardez le carbone dans le sol», ont scandé les manifestants, alors que des représentants de la jeunesse en Equateur, au Congo, au Pakistan, au Soudan, en Afghanistan ou dans les territoires palestiniens se relayaient au mégaphone pour dénoncer l'inaction de la communauté internationale sur le climat, mais aussi sur les conflits en cours, à Gaza ou en Ukraine.
(ATS)