«C'est au coeur des négociations et je ne vois pas comment on peut atteindre un compromis qui n'inclurait pas des mots sur les fossiles», a dit à l'AFP le ministre danois du Développement et de la politique climatique, Dan Jørgensen.
«Bien sûr, ça semble difficile actuellement, mais d'un autre côté ça n'a jamais été un thème aussi central sur l'agenda donc je suis assez optimiste», a dit ce responsable, désigné par la présidence de la COP28 pour coordonner avec une ministre sud-africaine les discussions politiques sur le texte principal en négociation. «Nous allons trouver, je suis confiant, un compromis qui va nous faire avancer dans la bonne direction», a jugé l'envoyé américain, John Kerry, sur la chaîne CNA.
Hypocrisie des pays riches
La veille, le ministre saoudien de l'Energie avait jeté un froid en se disant «absolument» opposé à un accord portant sur une réduction des énergies fossiles, montrant à quel point les camps campent sur leurs positions traditionnelles.
Plusieurs pays en développement dénoncent, eux, l'hypocrisie des pays riches, Etats-Unis et Canada en tête, qui ne donnent pas assez l'exemple sur la sortie des énergies fossiles mais voudraient que les pays pauvres s'interdisent les hydrocarbures. Ils réclament des engagements d'aide financière bien plus conséquents pour aider les pays à investir dans les énergies renouvelables et la transition.
«Si un pays extrêmement pauvre découvre du pétrole, comment peut-on lui dire qu'ils ne peuvent pas y toucher, si personne ne les aide?», a déclaré à l'AFP le Cubain Pedro Luis Pedroso, président du groupe de pays en développement et émergents appelés «G77 et Chine», incontournable dans le bras de fer entre Nord et Sud.
Toutes les options sur la table
La deuxième version du texte qui servira de base de discussion en vue d'une adoption d'ici à la fin de la COP28 a été rendue publique mardi à 05h00 heure locale. Il synthétise en 24 pages les différentes options poussées par les quelque 200 pays qui négocient fiévreusement à Dubaï.
Leurs divergences de vue se reflètent dans les différentes options laissées ouvertes sur la question essentielle de l'avenir des énergies fossiles. D'une «sortie ordonnée et juste des énergies fossiles» à rien du tout sur le sujet, toutes les options sont sur la table, suggérant de féroces batailles d'ici la fin théorique de la COP28 le 12 décembre.
Tripler les énergies renouvelables
Autre débat soumis aux négociateurs: inscrire l'objectif de triplement des énergies renouvelables d'ici à 2030 ou ne pas mentionner le sujet. Des dizaines de personnes ont manifesté à l'entrée de la COP28 sous un soleil déjà mordant mardi matin, devant une grande image d'une planète en flammes. «Dégagez les pollueurs !», chantait la petite foule.
Près de 2500 lobbyistes des énergies fossiles ont en effet obtenu une accréditation pour la conférence, selon une coalition d'ONG. «J'ai zéro confiance dans le fait que la COP réussira» si «les Nations unies continuent de permettre à l'industrie des énergies fossiles» d'en mener les débats, a dit à l'AFP Thomas Harmy Joseph, de l'ONG américaine Indigenous Environmental Network.
Il est «désormais inévitable» que le seuil de 1,5°C de réchauffement de la planète, objectif ambitieux de l'accord de Paris, soit dépassé «de manière constante» et il y a une chance sur deux pour que cela arrive dans seulement sept ans, ont alerté mardi les scientifiques du Global Carbon Project.
L'élévation de la température mondiale moyenne a atteint 2°C pour la première fois sur une journée le 20 novembre, et l'année 2023 devrait frôler 1,5°C en moyenne, mais l'accord de Paris se fonde sur des élévations stabilisées sur du plus long terme, pas sur une seule journée ou une année.
(ATS)