Exportation d'armes à l'Ukraine
L'ambassadrice néerlandaise désapprouve la position suisse sur la réexportation d'armes

Le refus suisse d'autoriser la réexportation de matériel de guerre suscite l'incompréhension des ambassadeurs néerlandais et français. La Suisse empêche un pays européen tel que l'Allemagne de défendre sa sécurité, estiment-ils.
Publié: 05.03.2023 à 11:37 heures
Les deux ambassadeurs s'exprimaient alors que l'Allemagne a demandé à la Suisse d'acheter des chars de combat Leopard 2 mis hors service afin de remplacer des blindés que l'Allemagne et d'autres pays de l'UE ont livrés à l'Ukraine (image prétexte).
Photo: Martin Meissner

Le débat suisse sur la réexportation de matériel militaire suisse est certes compréhensible, déclarent les ambassadeurs dans une interview accordée au journal alémanique NZZ am Sonntag. «Mais nous ne partageons pas cette position», commente la représentante néerlandaise en Suisse, Hedda Samson. Les réserves européennes n'étant pas infinies, «il serait très utile que les autorités suisses explorent toutes les possibilités pour soutenir l'Ukraine, ajoute-t-elle, les pays de l'UE suivent avec beaucoup d'attention les débats actuels au Parlement».

Personne ne demande à la Suisse de livrer directement du matériel de guerre à l'Ukraine, indique de son côté l'ambassadeur de France Frédéric Journès. «Nous comprenons que cette option ne soit pas compatible avec la neutralité, commente-t-il, mais dans ce cas il s'agit de réexporter des armes et des munitions suisses qui se trouvent dans les stocks de nos partenaires européens».

Influence sur les autres États

A l'instar des Pays-Bas, la Suisse profite fortement, en tant que petit pays, de l'ordre juridique international. «Nous devons le défendre», déclare Hedda Samson. La guerre ne sera pas terminée avant longtemps. «Nous ne pouvons pas nous offrir le luxe de simplement laisser passer ce problème», ajoute-t-elle. Le comportement de Berne pourrait avoir une influence sur la décision d'autres Etats d'acheter ou non du matériel militaire à la Suisse à l'avenir, selon elle.

Frédéric Journès estime lui que la Suisse n'a pas de soucis à se faire pour ses bons offices. «Genève, avec toutes ses organisations internationales, restera un lieu important pour les négociations. Je peux tout à fait m'imaginer que la Suisse sera l'hôte de négociations dans ce conflit. Qui sera finalement le médiateur?, c'est une autre question», explique-t-il.

L'accueil des réfugiés d'Ukraine en Suisse inspire le respect et l'admiration de l'ambassadeur français. «Par rapport à sa population, la Suisse accueille cinq ou six fois plus de personnes que la France. C'est généreux, déclare-t-il. Mais cela ne fera pas disparaître les autres questions.» Vendredi, la presse révélait que l'Allemagne avait demandé à la Suisse d'acheter des chars de combat Leopard 2 mis hors service. Ils doivent remplacer des blindés que l'Allemagne et d'autres pays de l'UE ont livrés à l'Ukraine. Une vente nécessiterait l'approbation du Parlement.

(ATS)

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