Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu doit parler lundi à Washington avec son allié américain de la deuxième phase du cessez-le-feu à Gaza, avant d'être reçu mardi par Donald Trump qui a assuré que les discussions «progressent».
Benjamin Netanyahu est arrivé dimanche dans la capitale américaine, où il deviendra le premier dirigeant étranger reçu par Donald Trump depuis l'investiture de celui-ci, symbole de l'alliance indéfectible entre les deux pays.
Reprise des négociations
Cette visite coïncide avec la reprise prévue cette semaine des négociations par médiateurs interposés entre Israël et le Hamas sur la deuxième phase du cessez-le-feu à Gaza, censée permettre la libération des derniers otages retenus par le mouvement islamiste palestinien et la fin de la guerre provoquée par celui-ci le 7 octobre 2023.
Benjamin Netanyahu doit s'entretenir lundi à Washington avec Steve Witkoff, envoyé spécial de Donald Trump pour le Moyen-Orient, qui parlera ensuite dans la semaine avec le Premier ministre du Qatar et de hauts responsables égyptiens, qui assurent la médiation aux côtés des Etats-Unis.
«Victoire contre le Hamas»
Mardi, le dirigeant israélien discutera avec Donald Trump «de la victoire contre le Hamas, du retour de tous nos otages et de la lutte contre l'axe iranien dans toutes ses dimensions», a-t-il déclaré avant de s'envoler pour les Etats-Unis.
Selon les estimations, le Hamas détiendra encore une cinquantaine d'otages, morts ou vivants, au terme des libérations intervenues au cours de la première phase du cessez-le-feu entré en vigueur mi-janvier.
Dimanche soir, Donald Trump a assuré que les discussions sur le Moyen-Orient avec Israël et plusieurs autres pays «progressent». Après Benjamin Netanyahu, il doit recevoir le roi Abdallah II de Jordanie le 11 février.
Trump veut faire le ménage à Gaza
Donald Trump a, depuis son retour à la Maison Blanche, proposé de faire «tout simplement le ménage» à Gaza et de transférer les Palestiniens dans des lieux «plus sûrs» comme l'Egypte ou la Jordanie, suscitant une levée de boucliers sur la scène internationale.
Il a débloqué la livraison à Israël de bombes de 2000 livres (quelque 900 kilos), que son prédécesseur Joe Biden avait suspendue et annulé des sanctions financières contre des colons israéliens, accusés de violences contre des Palestiniens. «Pour Netanyahu, une relation privilégiée avec la Maison Blanche est un outil essentiel», note Céline Touboul, codirectrice de la Fondation pour la coopération économique (ECF), à Tel-Aviv.
Mais cette «visite de travail» permettra aussi à Benjamin Netanyahu de mesurer le prix de cette relation, face à un chef d'Etat américain friand des logiques transactionnelles du monde des affaires. Donald Trump entend faire tenir le cessez-le-feu dans le sud du Liban entre Israël et le Hezbollah, comme celui signé, après 15 mois de guerre, avec le Hamas.
«Création d'une coalition anti-Iran»?
Ses conseillers «affirment que la reprise des combats au Moyen-Orient l'empêcherait de s'attaquer à (...) ses priorités les plus urgentes», estime le Soufan Center, think-tank basé à New York. Notamment la lutte contre l'immigration illégale venue du Mexique et le règlement de la guerre entre Russie et Ukraine.
Au-delà, «Trump veut réorienter sa priorité vers l'Asie-Pacifique», estime David Khalfa, chercheur à la Fondation Jean-Jaurès à Paris. «Il estime, comme ses prédécesseurs d'ailleurs, qu'il doit stabiliser la région avant et créer une coalition anti-Iran avec ses partenaires stratégiques». Dont Israël, mais aussi l'Arabie saoudite.
Les discussions porteront donc probablement sur les concessions que Benjamin Netanyahu devra accepter pour relancer la normalisation entre Israël et Ryad. Celle-ci semblait en bonne voie jusqu'au 7 octobre. Depuis, Ryad martèle qu'elle ne sera pas possible sans solution durable et viable pour les Palestiniens.
Netanyahu sur un siège éjéctable
Mais une partie de la coalition gouvernementale israélienne veut reprendre les combats dès la fin de la première phase. A défaut, le ministre d'extrême droite Bezalel Smotrich menace de quitter le gouvernement, ce qui priverait Benjamin Netanyahu de majorité.
«Si Trump lui demande de faire des concessions aux Palestiniens pour obtenir la normalisation entre Israël et l'Arabie saoudite, Netanyahu devra choisir entre une relation privilégiée avec le président américain ou le maintien de sa coalition», résume Céline Touboul.
Sur le terrain, Israël a mené dimanche une vaste opération militaire à Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée, marquée par la destruction de nombreux bâtiments, selon l'armée qui a affirmé avoir tué plus de 50 «terroristes» dans ce territoire depuis le 14 janvier.