L'auteur de la dernière tuerie en date aux Etats-Unis, à Allen au Texas, a utilisé un AR-15, un fusil d'assaut léger d'une puissance destructrice inouïe, devenu l'arme préférée des Américains après les attentats du 11 septembre 2001... mais aussi l'arme préférée des tueurs, comme lors des massacres d'Aurora (12 morts), Newtown (28), San Bernardino (14), Sutherland Springs (26), Las Vegas (58) et maintenant du Texas.
Samedi, cet homme de 33 ans, a ouvert le feu avec un AR-15 près d'un centre commercial, tuant huit personnes, dont des enfants. Un policier qui se trouvait dans le centre commercial pour un autre incident a pu l'arrêter d'un tir mortel.
Pandémie et extrémisme de droite
Depuis des années, les Américains se battent pour une législation plus stricte sur les armes. Sans résultat jusqu'à présent. Le nombre de fusillades de masse a continué d'augmenter: Le triste record est détenu par l'année 2021 avec 690 massacres. Cette année-là, 21'028 personnes ont été tuées par arme à feu aux Etats-Unis. Si l'on ajoute les suicides, on obtient un chiffre deux fois supérieur.
Raison de cette augmentation: la pandémie a rendu les gens agressifs. L'extrémisme de droite – un contexte fréquent d'attentats – est également en hausse aux Etats-Unis depuis l'élection du président Donald Trump.
Une législation plus sévère
Les prochaines présidentielles américaines auront lieu le 5 novembre 2024. Les deux favoris, l'actuel président Joe Biden et le républicain Donald Trump, veulent tous deux endiguer la violence qui gangrène le pays, mais chacun à leur manière.
Joe Biden a déclaré après la tuerie de samedi: «Je demande à nouveau au Congrès de me présenter un projet de loi visant à interdire les armes d'assaut et les chargeurs de grande capacité.» Il demande par ailleurs des contrôles généralisés, un stockage sécurisé et la levée de l'immunité pour les fabricants d'armes.
Toutes ses demandes ont jusqu'à présent été balayées par les républicains au Congrès.
L'usage de la force contre la violence
Donald Trump, lui, ne s'est pas exprimé sur l'incident survenu au Texas. Mi-avril, il avait promis devant la National Rifle Association (NRA) de défendre et même d'étendre les droits des propriétaires d'armes. «Ce n'est pas un problème d'armes», a déclaré Trump. «C'est un problème psychologique, c'est un problème social, c'est un problème culturel, c'est un problème spirituel», a-t-il déclaré.
Sa position sur la violence croissante s'est fait connaître après la fusillade dans la petite ville texane d'Uvalde le 24 mai 2022, au cours de laquelle 19 élèves et deux enseignantes ont trouvé la mort: Donald Trump avait alors exigé que les enseignants soient armés et que les établissements soient équipés de détecteurs de métaux pour contrôler les élèves.
Les partisans d'une ligne dure tiennent à leur liberté
Certes, selon différents sondages, une nette majorité d'Américains est favorable à des restrictions de la législation sur les armes. Mais leur voix est faible. L'experte des Etats-Unis Claudia Brühwiler de l'université de Saint-Gall déclare : «Jusqu'à présent, les questions relatives à la législation sur les armes ou aux restrictions sur le port d'armes n'ont pas pu mobiliser de manière significative.»
Les choses sont plus faciles pour les partisans d'une législation plus permissive sur les armes. Selon Claudia Brühwiler, ils invoquent le deuxième amendement de la Constitution américaine, laquelle garantit à chacun le droit de porter une arme à feu, et ne soutiennent que les hommes politiques proches de la NRA. Pour Claudia Brühwiler, «Ils considèrent les Etats qui veulent désarmer leurs citoyens comme des Etats anti-démocratiques.»
Pendant ce temps, la Serbie agit
Le fait que les fusillades de masse deviennent le thème décisif d'une campagne électorale dépend «des événements survenant avant les élections», explique Claudia Brühwiler. Chez les Américains, un autre thème a clairement la priorité : «La plupart du temps, des sujets comme la situation économique arrivent en tête de la liste des priorités des électeurs.»
Entre-temps, la Serbie a, elle aussi, connu deux tueries, faisant 17 morts au total. Et contrairement à ses homologues américains, le président Aleksandar Vučić n'a pas tardé à réagir. Après les massacres de Belgrad et Mladenovac, il a immédiatement organisé un moratoire sur la délivrance de permis de port d'armes, et des contrôles approfondis auprès des détenteurs d'armes. «Nous allons désarmer complètement la Serbie» avait-il promis.