En raison des protestations
Evacuation des 418 touristes bloqués au Machu Picchu

Plus de 400 touristes étrangers et locaux bloqués au pied du Machu Picchu ont été évacués samedi, a annoncé le Ministère péruvien du tourisme sur Twitter. Ces personnes étaient coincées sur le célèbre site inca depuis plusieurs jours en raison des manifestations.
Publié: 22.01.2023 à 07:33 heures
Le Pérou avait décidé samedi de fermer le Machu Picchu en raison des troubles secouant le pays depuis décembre.
Photo: Hugo Curotto

«Cet après-midi, 418 touristes nationaux (péruviens) et étrangers ont été transférés du village de Machu Picchu vers Cuzco», la capitale impériale inca et touristique du Pérou, a annoncé le Ministère du tourisme sur twitter.

Le ministère a publié une photo du train qui relie les deux villes et une autre des touristes à l’intérieur de celui-ci. Hormis la marche, le train est l’unique moyen de rejoindre le joyau touristique. Piscacucho est le village le plus proche relié au réseau routier.

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Les touristes étaient bloqués depuis plusieurs jours, des protestataires ayant endommagé les voies. Les touristes, de toutes nationalités, s’étaient inscrits sur des listes vendredi à Aguas Calientes pour se faire évacuer.

Fermeture du site

Samedi matin, les autorités ont annoncé «la fermeture du réseau de sentiers incas (accès terrestres, Chemin de l’Inca) et de la Llaqta (citadelle) du Machu Picchu […] en raison de la situation sociale et pour préserver la sécurité des visiteurs», selon un communiqué du Ministère de la culture.

En décembre, quelque 300 touristes avaient déjà été bloqués au Machu Picchu avant d’être évacués par un train spécial avec des cheminots pour réparer la voie, encadrée par des forces de l’ordre. Le tourisme, vital pour l’économie, représente entre 3 et 4% du PIB et donne de l’emploi à toutes les strates de la population.

Répression policière meurtrière

La matinée avait été endeuillée par un nouveau mort, un manifestant décédé des suites de ses blessures reçues vendredi lors de heurts entre policiers et protestataires à Ilave dans la région du Puno (sud, près de la Bolivie). Cela porte à 46 le nombre de morts depuis le 7 décembre et le début des protestations demandant la démission de la présidente Dina Boluarte, la dissolution du Parlement et la constitution d’une Assemblée constituante.

Les troubles ont commencé après la destitution et l’arrestation de l'ex-président de gauche Pedro Castillo, accusé d’avoir tenté un coup d’Etat en voulant dissoudre le Parlement qui s’apprêtait à le chasser du pouvoir.

L’Union européenne a condamné samedi les violences et l’usage «disproportionné» de la force par la police. «L’UE appelle le gouvernement […] à garantir un dialogue inclusif avec la participation de la société civile et des communautés concernées», selon le communiqué.

Contexte social tendu

La crise est aussi le reflet de l’énorme fossé entre la capitale et les provinces pauvres qui soutenaient le président Castillo, d’origine amérindienne, et voyaient son élection comme une revanche sur ce qu’ils considèrent comme le mépris de la capitale.

A Lima, au lendemain de deux journées de mobilisation, avec l’arrivée dans la capitale de manifestants venus des régions andines pauvres, la situation restait tendue. Les forces de l’ordre ont investi dans la matinée l’université San Marcos au centre-ville, pour en expulser de nombreux manifestants qui y logeaient depuis plusieurs jours.

Elles ont abattu le portail avec un véhicule blindé, puis ont fouillé les occupants des lieux, les obligeant parfois à se coucher sur le sol devant l’université, ont constaté des journalistes de l’AFP, avant d’en arrêter certains.

Les protestataires traités de «terroristes»

«J’ai des proches qui sont là. Je suis inquiète. On ne sait pas ce qui peut se passer. Je ne sais pas de quoi on les accuse», a affirmé Luz Maria Ramirez, 62 ans, venue depuis Andahuaylsas (sud), épicentre des manifestations en décembre. Plusieurs centaines de personnes se sont réunies dans l’après-midi près de la police pour obtenir leur libération, certains brandissant des pancartes «Dina assassine».

«C’est un abus (de pouvoir) ce qu’ils font. Ils les traitent de 'terroristes' mais ce sont des paysans qui revendiquent. Nous sommes venus les soutenir pour qu’ils soient libérés», affirme Dalila Sanchez, 64 ans, sans emploi. La police les a dispersés en début de soirée, avec des tirs de gaz lacrymogène. D’autres petits groupes ont manifesté dans la capitale avec les mêmes revendications.

(ATS)

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