En pleines commémorations du putsch de 1976
En Argentine, Javier Milei déclassifie les archives de la dernière dictature

Le président argentin Javier Milei a ordonné la déclassification des archives de la dernière dictature argentine. Cette décision survient alors que des milliers de manifestants défilent à Buenos Aires pour commémorer le coup d'État de 1976.
Publié: 25.03.2025 à 03:11 heures
Des dizaines de milliers de personnes étaient dans la rue lundi à Buenos Aires pour commémorer le 49e anniversaire du coup d'État de 1976.
Photo: Rodrigo Abd
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ATS Agence télégraphique suisse

Le gouvernement Milei a annoncé lundi la déclassification des archives du renseignement portant sur la dernière dictature militaire en Argentine, alors que des dizaines de milliers de personnes défilaient pour commémorer le 49e anniversaire du coup d'État de 1976.

«Le président a ordonné la déclassification totale de toutes les informations et documents liés aux actions des Forces armées durant la période de 1976 à 1983. Ainsi que tout autre document produit à une autre période, mais lié aux actions de ces forces», a annoncé le porte-parole de la présidence Manuel Adorni sur les réseaux sociaux.

La mesure implique le «transfert de ces archives du Secrétariat du renseignement de l'État vers le domaine des Archives générales de la Nation, organisme chargé de la conservation et de la consultation des documents historiques», a-t-il indiqué. Cette annonce a été faite à l'occasion de la Journée nationale de la Mémoire, qui marque chaque 24 mars le début de la dernière dictature en Argentine (1976-1983).

Décret de 2010 jamais appliqué

Le gouvernement se base sur un décret de 2010, datant de la présidence de Cristina Kirchner (centre gauche), qui «n'a jamais été pleinement appliqué», a souligné le porte-parole. Parallèlement à cette annonce, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées à Buenos Aires en ce jour férié sous le slogan «Mémoire, vérité et justice», répondant à l'appel des organisations de défense des droits de l'Homme, des syndicats et des partis d'opposition.

Au cri de «Mères de la Place, le peuple vous embrasse», brandissant des pancartes à l'effigie de leurs proches, des manifestants ont salué le passage des Mères de la Place de Mai, certaines en fauteuil roulant, qui recherchent encore leurs enfants disparus. Les organismes de droits humains estiment à 30'000 le nombre de disparus sous la dictature.

Les Grands-mères de la Place de Mai, elles, se sont donné pour mission de retrouver les 400 enfants volés à leur naissance pendant la captivité clandestine de leurs mères. «Dans cette longue lutte, nous avons résolu 139 cas (...) Nous avons besoin de toute la société pour les retrouver tous, il n'est jamais trop tard», a déclaré Estela de Carlotto, présidente des Grands-mères.

«Milei, ordure, tu es la dictature»

Dans la foule, plusieurs pancartes dénonçaient «le négationnisme du gouvernement» de l'ultralibéral Javier Milei, dont la cure d'austérité a conduit à la suppression de dizaines d'emplois au sein du secrétariat des Droits de l'Homme et dans les lieux de mémoire ayant jadis servi de prisons et de centres de torture. «Milei, ordure, tu es la dictature», ont entonné les manifestants, faisant flotter drapeaux argentins et foulards portant l'inscription «Jamais plus».

«Aujourd'hui, nous devons plus que jamais être ici afin de ne pas oublier l'horreur qu'a vécue l'Argentine», a déclaré à l'AFP Maria Eva Gomez, une employée de 57 ans venue avec son mari et ses trois enfants adolescents. Le gouvernement Milei prône une «mémoire complète» des événements de la dernière dictature.

Il met ainsi sur le même pied les crimes de l'armée et ceux des guérillas d'extrême gauche alors actives dans le pays, une position rejetée par les organismes de défense des droits de l'Homme. Contrastant avec les violents affrontements avec la police lors d'une manifestation en soutien aux retraités il y a dix jours, la marche de lundi s'est déroulée de manière pacifique.

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