En faisant trop de concessions
La Suisse a-t-elle cédé trop tôt face aux menaces de Donald Trump?

La Suisse cherche une solution au conflit douanier avec les Etats-Unis et le Conseil fédéral a déjà enregistré un premier succès. Mais si Berne fait des concessions, d'autres partenaires commerciaux s'en apercevront, ce qui pourrait avoir des conséquences.
Publié: 25.04.2025 à 14:47 heures
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Dernière mise à jour: 25.04.2025 à 15:01 heures
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Le président américain Donald Trump a déclenché la guerre commerciale début avril en menaçant d'imposer des droits de douane punitifs.
Photo: IMAGO/ZUMA Press Wire
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Daniel Ballmer

Il est vital de trouver rapidement une solution au litige douanier avec Donald Trump, mais faut-il le faire à n'importe quel prix? Qu'en penseraient nos autres partenaires commerciaux, par exemple l'UE?

Une chose est sûre: le Conseil fédéral a été réactif. Dès le déclenchement de la crise commerciale en avril par Trump avec ses droits de douane punitifs, la Suisse a cherché le dialogue. Trop d'emplois étaient menacés et la Suisse s'est précipitée dans les négociations. 

En parallèle, le secteur pharmaceutique a annoncé d'importants investissements aux Etats-Unis. Roche a annoncé investir jusqu'à 50 milliards de dollars sur le marché américain ces cinq prochaines années et Novartis 23 milliards. Toutes ces manœuvres financières ont pour but d'amadouer Trump.

«La Suisse ne doit pas céder tout de suite»

Cette stratégie a fini par porter ses fruits. Karin Keller-Sutter et Guy Parmelin viennent d'annoncer leur premier succès. La Suisse fait partie d'un groupe des 15 pays avec lesquels les Etats-Unis souhaitent trouver une solution sur les droits de douane. Malgré tout, rien n'est encore joué. Il s'agit à présent de rédiger une déclaration d'intention commune qui, espérons-le, débouchera rapidement sur un mandat de négociation.

La Suisse semble donc être dans les petits papiers de Washington. Mais ce faisant, s'est-elle trop exposée au chantage? Ses autres partenaires commerciaux pourraient se méprendre: il suffirait donc à Trump de hausser le ton avec ses droits de douane pour que la Suisse fasse des concessions? Cette stratégie diplomatique pourrait-elle inciter d'autres puissances économiques à faire pression pour obtenir de meilleurs arrangements économiques?

Pour le politicien économique du Centre Bregy, ce risque est réel. «La Suisse a raison d'être active mais ne doit pas tomber non plus tomber dans l'activisme», prévient-il. Il voit d'un mauvais œil la fin de la régulation des groupes technologiques, réclamée depuis longtemps par les politiques. «La Suisse ne doit pas céder tout de suite devant les Etats-Unis.» La Suisse devrait au moins retirer quelques bénéfices de ces négociations, «sinon tout le monde viendra ensuite nous réclamer de meilleurs accords commerciaux».

La mission américaine est considérée comme un succès

A l'inverse, le chef du groupe UDC Thomas Aeschi est plus serein. Pour le président de la commission économique du Conseil national, la mission du Conseil fédéral aux Etats-Unis est un succès. Le gouvernement a surtout montré que la Suisse compte parmi les plus grands investisseurs aux Etats-Unis et qu'elle y a créé de très nombreux emplois.

De plus, Thomas Aeschi doute que la Suisse se soit rendue vulnérable au chantage d'autres partenaires commerciaux: «De toute façon, tout le monde est en discussion avec les Etats-Unis». Le politicien économique et entrepreneur PLR Marcel Dobler partage cet avis et ne s'inquiète pas des concessions déjà faites par Berne. «Le secteur pharmaceutique, par exemple, a de toute façon planifié ses investissements américains», argumente-t-il. «Je ne vois donc pas de risque que la Suisse se rende vulnérable au chantage.» Malgré tout, une solution au conflit douanier doit encore être trouvée.

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