«En ce moment, il y a deux fois plus de morts qu'il n'en devrait»
Le chef de Wagner en colère contre le Kremlin pour manque de munitions

Le chef du groupe Wagner est en colère. Il assure qu'aucune munition ne leur serait fournie malgré ses demandes répétées. Les fonctionnaires russes abandonneraient ses hommes en raison de divergences personnelles. Mais ces propos soulèvent des doutes chez les experts.
Publié: 21.02.2023 à 21:29 heures
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Dernière mise à jour: 21.02.2023 à 22:58 heures
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Dans une conversation téléphonique, Evgueni Prigojine raconte comment le groupe Wagner se serait vu refuser des munitions.
Photo: AFP
Jenny Wagner

«Les excréments fument et le sang est versé. Mais ils ne fournissent pas de munitions», se plaint le chef du groupe Wagner, Evgueni Prigojine. Dans une conversation téléphonique rendue publique, on l’entend déchaîner sa colère.

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Car bien qu’il y ait suffisamment d’artillerie et de munitions, «ceux d’en haut» ne les livrent pas selon lui. Or en réalité, c’est tout autre chose qui le met en colère.

Des divergences personnelles

Selon Evgueni Prigojine, ses troupes ne recevraient pas de soutien parce qu’il est lui-même une personnalité controversée. «Tu as des relations compliquées avec ceux d’en haut», lui reproche-t-on. Le chef de Wagner a certes des bonnes relations avec Vladimir Poutine, mais il semblerait qu’il soit une épine dans le pied de nombreux fonctionnaires.

«En ce moment, il y a deux fois plus de morts qu’il n’en devrait», déclare Evgueni Prigojine, dressant un tableau dramatique de la situation sur le front. «Et non seulement chez les mercenaires de Wagner, mais aussi dans des unités militaires que nous sommes censés protéger!» Il reproche à l’armée russe de prendre en compte les divergences personnelles sur le champ de bataille.

Une façon d’occulter la vérité?

Evgueni Prigojine affirme que rien ne lui revient malgré ses demandes quotidiennes. «Ces hommes ne se battent pas pour moi, ils se battent pour leur patrie! Mes requêtes sont ignorées», s’insurge-t-il. Ces propos soulèvent néanmoins des doutes chez certains spécialistes et sont à prendre avec des pincettes.

Selon l’Institute for theStudyofWar(ISW), le chef du groupe Wagner pourrait délibérément présenter la situation sous ce jour afin de détourner l’attention de la vérité. Il serait en effet hautement improbable que les mercenaires d’Evgueni Prigojine se battent sans artillerie à Bakhmout et ne puissent pas obtenir de munitions.

Selon les experts, la frustration du proche de Vladimir Poutine viendrait en réalité du fait que le groupe dépend des unités militaires russes pour les livraisons d’armes. Evgueni Prigojine souhaiterait donc un système d’armement indépendant pour ses troupes, ce qu’il ne parvient pas à obtenir.

Des paroles qui font effet

Selon l’ISW, il est aussi possible qu’Evgueni Prigojine n’ait plus l’autorisation d’utiliser ses propres systèmes d’artillerie. Les troupes de Wagner auraient ainsi quand même des armes, mais leur chef présenterait les choses à son avantage, en insinuant que cette perte d’autorisation coûtait des vies humaines.

«Nos Russes ne meurent pas pour leur patrie en ce moment, mais parce que des fonctionnaires militaires ne peuvent pas se bouger le cul!, critique-t-il avant d’en remettre une couche. Donnez-nous suffisamment de munitions.»

Contre toute attente, les paroles drastiques d’Evgueni Prigojine semblent faire effet. Bien que la troupe Wagner soit censurée à la télévision russe et que sa présence ne soit pas appréciée, elle est indispensable pour mener la guerre en Ukraine. En témoignent les blogueurs militaires qui soutiennent les demandes d’Evgueni Prigojine. «Qui boycotte Prigojine, boycotte Poutine», écrivent-ils.

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