Elon Musk compte sur 20'000 démissions
Sous Donald Trump, les fonctionnaires face au choix de démissionner ou pas

Combien des plus de deux millions de fonctionnaires fédéraux américains vont démissionner? Le bref délai pour se décider que leur a laissé la nouvelle administration de Donald Trump, dont ils sont une des premières cibles, arrive à son terme jeudi.
Publié: 09:14 heures
Photo: IMAGO/NurPhoto
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AFP Agence France-Presse

Neuf jours. C'est le temps, très court, qui leur a été imparti pour faire leur choix: accepter ou non la proposition de «démission différée» au 30 septembre, avec la promesse de garder d'ici là leur salaire et l'ensemble de leurs avantages sociaux, formulée à la surprise générale par le nouveau pouvoir américain. 

Comme une flèche de plus lancée par le président républicain dans son offensive d'ampleur pour resserrer sévèrement l'administration fédérale et tailler dans les dépenses publiques. Mandaté par Donald Trump pour piloter cette mission, Elon Musk, le patron de X, Tesla et SpaceX, compte sur «5 à 10 %» de démissions. La presse américaine avance le chiffre de 20'000 mardi, soit environ 1% des effectifs.

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Les gens sont dans le flou, ils se débrouillent avec ce qu'ils entendent aux infos ou sur les réseaux sociaux
Un employé du bureau en charge des fonctionnaires
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«On voit bien ce qu'ils essaient de faire: on ne cherche pas à réduire la taille de l'Etat (fédéral) avec une démarche rationnelle, non, on cherche à semer la panique, pour que les gens prennent la porte et le laissent dans un état lamentable, ce qui est en partie leur objectif», déplore auprès de l'AFP, sous couvert d'anonymat par crainte de représailles, un employé du bureau en charge des fonctionnaires, l'OPM. «Les gens sont dans le flou, ils se débrouillent avec ce qu'ils entendent aux infos ou sur les réseaux sociaux, parce que les informations qui viennent d'ici ont été complètement étouffées,» raconte-t-il.

Des «paroles en l'air»

Face à cette offensive que Donald Trump et son entourage présentent comme anti-bureaucratique, le principal syndicat de fonctionnaires fédéraux, l'AFGE, a initié mardi avec d'autres organisations représentatives une action en justice auprès d'un tribunal fédéral du Massachusetts. Selon un communiqué, ils exigent que le dispositif de 'démission différée' soit suspendue et que le gouvernement «élabore des mesures qui respectent la loi plutôt qu'un ultimatum arbitraire, illégal, et trop bref». 

Selon un modèle d'accord envoyé à des fonctionnaires fédéraux que l'AFP a pu consulter, il leur est proposé «conserver leur salaire et l'ensemble de leurs avantages sociaux (...) jusqu'au 30 septembre». Mais ils sont forcés de renoncer à toutes poursuites judiciaires ultérieures.

«Comment le gouvernement peut promettre de payer les employés jusqu'à leur démission différée quand les fonds pour le faire n'ont pas été alloués, ce n'est pas du tout clair», s'alarment les organisations de défense des fonctionnaires. «Les employés fédéraux ne doivent pas se laisser duper par les paroles en l'air de milliardaires non élus et de leurs laquais, ce système n'est pas financé et ne s'accompagne d'aucune garantie,» insiste le président de l'AFGE, Everett Kelley. «Nous ne laisserons pas nos membres devenir les victimes de cette escroquerie.»

Choisir de rester ne règle pas tout

Les procureurs généraux démocrates d'une douzaine d'Etats, dont ceux de New York, Californie, Michigan et Arizona, tiennent le même discours et appellent les fonctionnaires fédéraux à la «prudence» face à une proposition «trompeuse». Décider de rester ne règle pas tout non plus, loin de là. Dans sa lettre envoyée la semaine dernière - similaire à ce qu'avait reçu les employés de Twitter (devenu X) après le rachat par Elon Musk -, le bureau chargé des fonctionnaires fédéraux prévient ceux qui ne s'en iront pas que ni «la pérennité» de leur poste ni celle de leur administration n'est garantie.

Telle est l'alternative en somme: démissionner dès maintenant ou prendre le risque de perdre son emploi sans compensation dans un futur proche. Un exemple existe déjà: le démantèlement brutal de l'Agence américaine pour le développement international (USAID), dont l'ensemble du personnel est placé en congé administratif dès vendredi. 

«Ils veulent fondamentalement affaiblir la fonction publique et se débarrasser de l'idée, en faveur d'autres plus en prise avec les méthodes du secteur privé», résume le salarié du bureau de gestion des fonctionnaires fédéraux.

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