Encore une arrestation
Pourquoi ils veulent tuer Trump (et ça pourrait continuer)

Vem Miller, 49 ans, conduisait un SUV noir lorsqu'il a été arrêté samedi, armé, par les policiers chargés de surveiller le meeting de Donald Trump dans la vallée de Coachella, située à l'est de Los Angeles. Mais pourquoi l'ancien président est-il ciblé ainsi?
Publié: 15.10.2024 à 06:01 heures
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Dernière mise à jour: 15.10.2024 à 19:47 heures
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Le candidat républicain à la présidence des Etats-Unis a-t-il été victime d'une nouvelle tentative d'assassinat samedi en Californie ? Pas sûr.
Photo: Getty Images
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Richard WerlyJournaliste Blick

Et de trois! Trois fois que Donald Trump, dans des circonstances très différentes, se retrouve à portée d’un tireur armé depuis la tentative d’assassinat essuyée par l'ancien président à Butler, en Pennsylvanie, le 13 juillet 2024.

Trois séquences que les électeurs trumpistes se repassent en boucle et que les clips vidéo du candidat républicain montrent sans cesse, pour bien signifier que sa bataille pour «Rendre à l’Amérique sa grandeur» («Make America Great Again») fait de lui une cible. Vrai ou faux? Mais pourquoi vouloir tuer Donald Trump?

Tuer Trump, une «opportunité»

«Opportunité»: c’est le terme employé par le FBI pour désigner les motivations de Thomas Crook, le jeune américain de 20 ans qui, le 13 juillet 2024, a tiré sur l’ancien président lors de son meeting à Butler, en Pennsylvanie.

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Chaque matin jusqu’à la mi-novembre, je prends pour vous le pouls de l’Amérique. Un rendez-vous écrit sur le terrain, là où se joue le duel entre Donald Trump et Kamala Harris.

Et pas n’importe quel terrain: d’ici au 5 novembre, date de l’élection présidentielle, c’est sur les routes, entre Chicago, où Kamala Harris a été investie par la convention démocrate à la mi-août, et Mar-a-Lago, le fief de Donald Trump en Floride, que je rédigerai ces chroniques matinales en cinq points. En plus: une série de reportages à ne pas manquer et des vidéos et photos de mon collègue Pierre Ballenegger.

Vous faites partie de ceux qui pensent que notre avenir se joue aussi le 5 novembre, de l’autre côté de l’Atlantique? Alors ne ratez pas ces chroniques. Partagez-les. Et réagissez!

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La police fédérale affirme avoir mené plus de mille interviews pour définir la personnalité du tireur, né le 20 septembre 2003 et identifié, en juin 2021, comme un donateur très modeste du Parti démocrate (15 dollars), avant de s’inscrire comme électeur du Parti républicain quelques semaines plus tard, en septembre.

Opportunité? Les enquêteurs du FBI n’excluent pas que le jeune homme, tué par un sniper des forces de l’ordre quelques minutes après son tir contre Trump (blessé à l’oreille et rescapé par miracle), ait simplement recherché une célébrité mondiale. Il y avait en lui un «mélange d’idéologies» ont expliqué les policiers.

Tuer Trump, c’est se venger

Dimanche 15 septembre, peu avant 14 heures, des coups de feu sont tirés alors que le candidat républicain se trouve sur la pelouse de son Trump International Golf Club, à West Palm Beach, en Floride. Le suspect est Ryan Wesley Routh, 58 ans. Il prend d’abord la fuite avant d’être arrêté.

Ses motifs? Probablement politiques. Selon le bureau du procureur adjoint Mark Dispoto, Ryan Wesley Routh avait des «motivations idéologiques et politiques». Le dossier de dix pages, détaillé par le Wall Street Journal, indique que les agents du FBI ont obtenu un livre, «apparemment écrit» par le tireur, sur la guerre en Ukraine et d’autres conflits.

L’intéressé s’accuse et accuse les Etats-Unis d’avoir élu Donald Trump. «J’ai mal jugé et j’ai fait une terrible erreur. Vous êtes libres d’assassiner Trump aussi bien que moi» avait écrit cet activiste connu pour s’être rendu en Ukraine et avoir incité ses compatriotes à le rejoindre pour combattre contre la Russie.

Il est désormais détenu, après avoir été inculpé de tentative de meurtre. «Cette prétendue tentative d’assassinat de l’ancien président sur son terrain de golf est une attaque directe contre notre démocratie, a commenté le procureur, la violence politique n’a pas sa place dans ce pays.»

Tuer Trump, l’engrenage de la haine

Il n’y a pas eu de tentative de meurtre samedi 12 octobre en Californie. Selon la justice américaine, Vem Miller, 49 ans, originaire de Las Vegas, n’a pas mis en danger la vie de Donald Trump, en meeting dans le comté de Riverside, qui fait partie du grand Los Angeles.

Une enquête fédérale est en cours, mais l’homme, porteur d’une arme à feu chargée et d’un chargeur de grande capacité dans son SUV noir, a été inculpé puis libéré sous caution. Il n’est pas accusé d’avoir voulu tuer l’ex président. Reste une évidence: le climat politique américain est, à moins d’un mois du 5 novembre, porteur des pires dérives. Et les deux partis portent, chacun, une part de responsabilité, dans un pays où les réseaux sociaux jouent un rôle d’amplificateur.

«La polarisation toxique du débat a transformé le discours politique, la civilité publique et même la manière dont les élus font campagne et gouvernent» jugeait, en 2020, le magazine Scientific American. «Les Etats-Unis présentent aujourd’hui les trois éléments fondamentaux qui peuvent conduire à un effondrement de la société civile» juge, pour sa part, la politologue Monica Toft, de l’université Tufts.

Tuer Trump, un goût de guerre civile

L’ancien président a plusieurs fois comparé son sort à celui d’Abraham Lincoln, alors Chef de l’Etat républicain, vainqueur de la guerre de sécession, tué à Washington le 15 avril 1865 par John Wilkes Booth, un acteur et sympathisant de la cause confédérée. Il ne s’agit pas, ici, de faire le moindre parallèle.

Mais comment ne pas voir un écho entre la tentative d’assassinat de Donald Trump, et la sortie internationale du film «Civil War» réalisé par Alex Garland, à l’issue duquel le président est tué dans la Maison Blanche par les forces rebelles de l’ouest composées de régimes du Texas et de la Californie?

Sillonner les Etats-Unis aujourd’hui, c’est constater que le terme «guerre civile» n’est plus du tout tabou. Selon une étude de l’université de Californie auprès de 13'000 personnes, «un grand nombre d’Américains qui ont acheté des armes à feu depuis 2020, ou qui portent régulièrement leurs armes chargées en public, sont prêts à s’engager dans la violence politique, jusqu’à tirer sur un opposant supposé».

Tuer Trump, plus facile que tirer sur Kamala Harris

La sécurité du candidat républicain a été revue de fond en comble après la tentative d’assassinat commise à Butler, en Pennsylvanie, le 13 juillet 2024. La cheffe du «Secret Service» chargé de le protéger – et de sécuriser tous les déplacements du président Joe Biden et de sa colistière Kamala Harris – a d’ailleurs démissionné deux semaines plus tard, le 23 juillet, après avoir admis une série de négligences et de fautes lors de son audition sous serment par le Congrès.

La réalité est qu’en raison de ses changements fréquents de programme, de sa personnalité imprévisible, de sa volonté d’aller le plus possible au contact de ses supporters, mais aussi de son statut d’outsider, Donald Trump a sans doute été plus vulnérable et plus facile à cibler ces dernières semaines que la candidate démocrate, susceptible de devenir à tout moment présidente du pays si Joe Biden se retrouve en situation d’incapacité.

Pour réagir: richard.werly@ringier.ch

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