Faire la fête, les démocrates américains savent faire. Leur convention à Chicago s'est terminée par un gigantesque lâché de ballons et de confettis pour Kamala Harris, peu après que cette dernière a accepté sa nomination comme candidate à la fonction de présidente des Etats-Unis. Et rien qu'au cours des dix derniers jours, la campagne Kamala Harris a reçu de l'argent de plus de partisans que Joe Biden au cours des 15 derniers mois.
Mais attention, toute cette jubilation autour de la première candidate noire à la présidence ne doit pas faire oublier une chose: le plus dur de la campagne électorale ne fait que commencer pour Kamala Harris. Quatre pièges guettent en effet la Californienne. Et chacun d'entre eux pourrait mettre un terme brutal à sa carrière politique, en offrant la victoire à Donald Trump le 5 novembre prochain.
Fuir les médias et manquer de spontanéité
Depuis que Joe Biden s'est retiré de la course à la Maison Blanche il y a plus d'un mois, Kamala Harris ne s'est pas invitée à une seule conférence de presse et n'a pas donné une seule interview. Presque toutes ses apparitions publiques étaient orchestrées, toutes les réponses étaient données sur des téléprompteurs.
Kamala Harris fuit les médias, probablement consciente que ses fréquents changements de position sur des sujets importants pourraient susciter des questions embarrassantes. Sur de nombreux points, on ne sait pas ce qu'elle pense ou ce qu'elle ferait concrètement en tant que présidente. Le magazine britannique «The Economist» la qualifie même de «Caméléon Kama».
Trop de bonne humeur tue la bonne humeur
Un mot était omniprésent lors des conventions du parti: «Joy» (Joie). L'ancien président américain Bill Clinton a qualifié Kamala Harris de «présidente de la joie», son vice-président Tim Walz l'a remerciée d'avoir «ramené la joie dans cette course». Et son mari Doug Emhoff l'a présentée comme une «combattante joyeuse».
Problème: aux oreilles du nombre croissant d'Américaines et d'Américains qui souffrent de la situation économique et qui risquent de sombrer dans la pauvreté, toute cette course à la bonne humeur sonne comme une moquerie de la part des élites ayant perdu le contact avec la vraie vie.
Manquer de courage concernant le Proche-Orient
Les démocrates ont annoncé ces dernières semaines que leur parti rassemblait une grande variété de points de vue. Mais ces points de vue proviennent de personnes proches d'Israël, mais aussi de nombreux partisans de la Palestine. Or ils ne s'entendent pas du tout. C'est ce qu'ont montré les violentes protestations des démocrates pro-palestiniens dans les rues de Chicago cette semaine.
Lors des conventions du parti, aucun orateur d'origine palestinienne n'a été autorisé à s'exprimer. Le Proche-Orient: un sujet trop chaud pour Kamala Harris? Dans son discours, elle a certes abordé le conflit, souligné le droit d'Israël à se défendre et déploré l'horreur à Gaza. Mais du point de vue des deux parties impliquées dans le conflit, il s'agissait d'une profession de foi tout au plus tiède.
Kamala Harris se veut prudente. Trop prudente peut-être. Or dans l'important Swing State du Michigan, ce sont les électeurs d'origine arabe qui font pencher la balance. Lors des primaires démocrates du printemps, des dizaines de milliers d'entre eux ont glissé un «indécis» dans l'urne pour protester contre la politique des démocrates au Proche-Orient. Kamala Harris doit donc de toute urgence trouver une solution pour réconcilier les différentes opinions de son parti concernant le Moyen-Orient.
Se la jouer nouvelle venue, alors que c'est faux!
Depuis trois ans et demi, Kamala Harris est vice-présidente de la Maison Blanche. Du grain à moudre pour Donald Trump, qui ne se lasse pas de souligner que la démocrate a déjà eu l'occasion de mettre en œuvre ses promesses politiques, plusieurs fois.
La Californienne est aussi la plus proche collaboratrice de Joe Biden et a visiblement du mal à se détacher de son patron pour se positionner comme une candidate indépendante, avec ses propres priorités. Qu'elle le veuille ou non, elle reste donc étroitement liée à la politique de l'actuel local président américain dans l'esprit du public.
In fine, les sondages, les dons et l'ambiance à Chicago ne pourrait être qu'une illusion: la course à la Maison Blanche reste extrêmement serrée. Pour Kamala Harris et ses démocrates, les choses sont désormais claires: après la fête pourrait bientôt arriver une violente gueule de bois.