Malgré des «gestes symboliques» du président Evariste Ndayishimiye sur les droits humains, aucun changement structurel n'a eu lieu, déplore la Comission d'enquête internationale indépendante de l'ONU sur le Burundi. Certaines sanctions contre la société civile ont été levées et certains défenseurs des droits humains libérés, mais le contrôle des ONG internationales s'est étendu.
«Il y a de bonnes raisons de rester très préoccupé par une situation désastreuse», estime le président de l'instance, Doudou Diène. Parmi elles, de possibles nouveaux crimes contre l'humanité perpétrés par les forces de sécurité et les Imbonerakure, la ligue des jeunes du parti au pouvoir au CNDD-FDD. La Commission dénonce l'impunité pour ces acteurs depuis les violences liées au contexte électoral d'il y a six ans.
De nombreuses violations depuis août 2020
De nombreuses violations ont eu lieu lors de multiples attaques armées depuis août 2020. Tout en recherchant les responsables, les forces de sécurité ont surtout ciblé des membres du principal parti d'opposition, le Congrès national pour la liberté (CNL), d'anciens membres des Forces armées burundaises (ex-FAB) dominées par les Tutsis, des rapatriés et certains de leurs proches. Certains ont été exécutés, d'autres ont disparu ou ont été torturés alors qu'ils étaient détenus arbitrairement.
Après une baisse provisoire des violences politiques après les élections de l'année dernière, les membres des partis d'opposition, en particulier le CNL, sont toujours victimes de disparitions, d'arrestations, de détentions arbitraires et d'actes de torture. Ces exactions ont notamment été perpétrées depuis juin dernier.
Cesser les atteintes aux droits humain
«L'Etat de droit au Burundi continue de s'éroder malgré l'intention déclarée du Président Ndayishimiye», affirme une autre membre de la commission, Françoise Hampson. De même, le pouvoir a renforcé son contrôle sur les autorités judiciaires. La Commission demande aussi aux groupes armés de cesser les atteintes aux droits humains et tout acte de violence contre les institutions de l'Etat et contre les civils.
La Commission doit présenter son rapport au Conseil des droits de l'homme le 23 septembre. Les Etats membres devront décider s'ils la renouvellent. Selon plusieurs observateurs, cette extension n'est pas garantie.
(ATS)