Droits de douane
Trump frappe le monde entier… sauf la Russie

Alors que Washington impose des taxes douanières à la quasi-totalité du monde, la Russie échappe curieusement aux nouvelles mesures. Officiellement, les échanges seraient déjà «nuls» entre les deux pays. Mais les chiffres racontent une autre histoire.
Publié: 03.04.2025 à 10:04 heures
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Dernière mise à jour: 03.04.2025 à 10:49 heures
La Russie ne figure pas sur la liste des sanctions de Trump alors qu'elle exporte plus vers les Etats-Unis que l'Ukraine qui y figure.
Photo: keystone-sda.ch
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Solène MonneyJournaliste Blick

Le choc est mondial. Les nouvelles taxes douanières annoncées par Donald Trump mercredi 2 avril, oscillant entre 10% pour les mieux lotis et 50% pour les plus malheureux, provoquent un tollé. Mais une puissance échappe étrangement à cette vague de sanctions: la Russie.

Alors que l’Ukraine devra faire face à de nouveaux droits de douane de 10%, Moscou ne figure pas sur la liste noire de Washington. Pourquoi cette exception? «Les sanctions liées à la guerre en Ukraine ont déjà rendu le commerce entre les deux pays nul», aurait confié un responsable américain au média indépendant NOTUS. Une explication confirmée par Karoline Leavitt, porte-parole de la Maison Blanche, auprès d’Axios: «Les sanctions américaines empêchaient déjà tout échange significatif.» 

Pourtant, les chiffres montrent une autre réalité. La Russie exporte plus de biens vers les Etats-Unis que l'Ukraine.

Pas tous logés à la même enseigne

Bien qu’en forte baisse depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022, les échanges entre la Russie et les Etats-Unis n’ont pas totalement disparu. Ils sont passés de 35 milliards de dollars à environ 3,5 milliards, contre environ 1,2 milliard de dollars pour l'Ukraine, rapporte Axios. A titre de comparaison, des pays comme l’île Maurice ou le Brunei commercent moins avec les Etats-Unis que le Kremlin, mais sont également bels et bien présents sur la liste de Donald Trump.

D’autres nations sous sanctions lourdes, comme la Biélorussie, la Corée du Nord et Cuba, échappent, elles aussi, à ces nouvelles mesures tarifaires. Mais ce n’est pas le cas de l’Iran et de la Syrie, malgré des embargos déjà conséquents: Téhéran se voit infliger 10% de droits de douane supplémentaires, Damas 40%. Comme quoi, une sanction n’exclut pas l’autre.

La Russie vraiment épargnée?

Dans le cadre des discussions sur un éventuel cessez-le-feu en mer Noire avec l’Ukraine, Vladimir Poutine a d’ailleurs exigé la levée de certaines sanctions américaines contre ses institutions financières et sur ses exportations agricoles. Si Washington s’est dit prêt à les examiner, Donald Trump, ne s'est pas dérangé, dimanche 30 mars, pour menacer Poutine d'imposer de nouvelles taxes sur le pétrole russe si les négociations n'avançaient pas. 

Depuis l’ère Biden, les Etats-Unis ont mis en place un arsenal de sanctions visant les piliers de l’économie russe: énergie, finance, défense et technologie. Les grandes banques russes ont été coupées du système financier international et les avoirs des oligarques gelés. En étroite coordination avec l’Union européenne, les Etats-Unis cherchent à étouffer la capacité de la Russie à financer sa guerre.

Mais la Maison Blanche prévient: Moscou n’est pas à l’abri. D’autres sanctions pourraient encore tomber. Reste à voir si l’exception russe tiendra encore longtemps… ou si elle n’était qu’un sursis diplomatique.

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