La Syrie est le théâtre d’un bouleversement inédit. Huit ans après que les forces du président Bachar al-Assad et leurs alliés ont repris le contrôle sur la majeur partie d’Alep, capitale économique du pays, les rebelles ont inversé la donne. Dimanche 1er décembre, le groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTS) et des factions rebelles alliées se sont emparés de la majeure partie de la deuxième ville syrienne.
Cette progression fulgurante dans le nord du pays a pris de court l’armée de Bachar al-Assad, déjà affaiblie. Mais alors qui sont ces combattants rebelles qui mènent l’offensive? Quels sont leurs objectifs et qui les soutient? Blick fait le point.
Qui sont les acteurs de l'offensive?
Le nouveau groupe est composé de plusieurs factions d'opposition. A leur tête, le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS), basé dans la province d’Idlib, proche de la frontière turque, indique le «Washington Post». HTS n'est autre que le successeur du Front Al-Nosra, autrefois affilié à Al-Qaïda en Syrie. Mais depuis, le groupe a officiellement coupé les ponts avec Al-Qaïda, détaille CNN.
HTS n'est pas le seul acteur engagé dans cette nouvelle offensive en Syrie: le groupe est épaulé par une myriade de factions rebelles, dont l’Armée nationale syrienne (ANS). Cette dernière regroupe d’anciens membres de l’Armée syrienne libre, le premier mouvement rebelle à avoir marqué le soulèvement contre le régime d’Al-Assad.
L'ANS a affirmé dimanche avoir repris plusieurs villages dans la campagne proche d'Alep. Ces territoires étaient contrôlés non pas par Bachar al-Assad mais par les Forces démocratiques syriennes qui sont constituées en grande partie de combattants kurdes.
Quels sont leurs objectifs?
Aussi surprenant que cela puisse paraître, le HTS et l'ANS se sont affrontés par le passé. En effet, les forces d'opposition sont décentralisées et composées d'idéologies différentes. Aujourd'hui, ces groupes s'allient dans un objectif commun: renverser le gouvernement de Bachar al-Assad.
La stratégie pour la suite de l'HTS est claire: établir un régime islamique en Syrie. Le groupe a tenté d'être «rassurants» en déclarant ces derniers jours qu'ils protégeraient les sites culturels et religieux d'Alep, y compris les églises, détaille le «Washington Post».
Par qui sont-ils soutenus?
Hayat Tahrir al-Cham bénéficie du renfort de groupes soutenus par la Turquie. Selon des analystes cités par le «Washington Post», Ankara aurait vraisemblablement donné son aval à cette offensive en Syrie, sans pour autant en assurer la supervision directe ni participer à sa planification.
Au cours de la guerre civile, d’autres acteurs internationaux, tels que les Etats-Unis et l'Arabie Saoudite ainsi que les Emirats arabes unis, ont également apporté un soutien ponctuel à des factions rebelles. Cependant, le département d’Etat américain a classé HTS comme une «organisation terroriste étrangère».
Face à cette offensive, le régime de Bachar al-Assad s’appuie sur le soutien de ses alliés traditionnels: l’Iran, la Russie et le Hezbollah. Ces acteurs, toutefois, sont fragilisés par leurs engagements dans d’autres conflits régionaux, offrant ainsi une fenêtre d’opportunité aux forces antigouvernementales syriennes.