Le pape François a rencontré son compatriote Javier Milei, le président argentin ultralibéral qui n'a pas été avare d'insultes envers lui ces derniers mois, lors d'une messe au Vatican dimanche, à la veille d'un entretien officiel et au moment où l'Argentine vit une situation politique explosive.
Devant des centaines de fidèles, Javier Milei, souriant, s'est incliné pour recevoir l'accolade du souverain pontife dans la basilique Saint-Pierre, au terme de la messe de canonisation de la religieuse et missionnaire du XVIIIe siècle María Antonia de San José, connue sous le nom de «Mama Antula».
Le président argentin âgé de 53 ans effectue sa première visite officielle à Rome deux mois après sa prise de fonction. Il s'est levé à l'entrée du pape – en fauteuil roulant du fait de ses difficultés à se déplacer – dans la basilique, au début de la cérémonie. M. Milei s'est ensuite agenouillé lors de la consécration.
Les deux dirigeants ont également échangé quelques mots avant la messe, a indiqué le Vatican. Mais c'est lundi à 09H00 (08H00 GMT) que le président argentin sera reçu officiellement au palais du Vatican par le pape et des hauts responsables de la Curie, le gouvernement central du Saint-Siège. M. Milei doit aussi rencontrer le président italien Sergio Mattarella et la Première ministre Giorgia Meloni lundi.
Deux hommes que tout oppose
Cette rencontre avec M. Milei, qui entend refaire de l'Argentine «une puissance mondiale» à coup de dérégulation et de privatisations, marque une étape dans une relation incertaine: en novembre, François avait appelé le président fraîchement élu pour le féliciter et, faisant fi des insultes de ce dernier à son égard, lui avait adressé un chapelet.
Habitué aux sorties provocantes et impulsives, Javier Milei avait, pendant sa campagne électorale, traité le pape de «connard», de «fils de pute», d'"imbécile qui promeut le communisme» ou de «représentant du Malin» sur Terre, avant de changer radicalement de ton, lui présentant ses «excuses» et assurant le «respecter».
Tout semble séparer le libertarien aux postures d'extrême droite du jésuite qui prône l'aide aux plus démunis et dénonce les dérives des marchés financiers. Sur l'écologie, thème fort du pontificat, M. Milei assure que le changement climatique n'est pas «une responsabilité de l'homme», là où le pape dénonce l'impact de l'homme sur la «Maison commune».
Les deux hommes divergent radicalement sur la manière de lutter contre la pauvreté, qui touche 40% de la population argentine, un pays où l'inflation dépasse les 200%. Cette rencontre survient au moment où le pays connaît un contexte politique tendu, marqué cette semaine par le revers au Parlement de la déréglementation massive de l'économie voulue par Milei. Cette tournée diplomatique a auparavant conduit le président argentin en Israël, où il a annoncé son «projet» de déplacer l'ambassade d'Argentine à Jérusalem.
(AFP)