Javier Milei s'est présenté à Davos sans tronçonneuse – mais il n'en a pas été moins percutant. Il a profité de ses 30 minutes sur scène pour prononcer le discours le plus élogieux en faveur du capitalisme depuis longtemps au WEF.
«Le libre-échange et le capitalisme sont les seuls instruments permettant de lutter contre la faim et la pauvreté dans le monde», proclame le chef d'État argentin fraîchement élu. «Le socialisme ne nous apporte que la pauvreté.» Il lit son discours sur un bout de papier, ses lunettes de lecture sont posées tout au bout de son nez. Il ne regarde que peu le public, mais plutôt le pupitre devant lui. En espagnol, l'ancien professeur d'économie enchaîne les chiffres et les calculs à une telle vitesse que les traducteurs simultanés trébuchent de temps en temps.
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Éloge de l'entrepreneuriat, blâme du féminisme
Si Javier Milei ne ménage pas ses critiques – à l'égard du socialisme, de l'appareil d'État hypertrophié, de l'Occident qui se serait écarté du droit chemin (le capitalisme) – il peut aussi faire preuve de louanges: «Un entrepreneur qui réussit est un véritable héros!»
Javier Milei s'engage ensuite sur une pente glissante lorsqu'il évoque l'inégalité des sexes. «La lutte des sexes est ridicule! L'agenda radical des féministes crée des obstacles à l'évolution féministe.» Pour lui, la promotion des femmes est superflue – le marché s'en charge.
Un discours qui n'est pas du goût de la ministre vaudoise de l'Économie Isabelle Moret, comme elle le raconte à Blick après l'intervention de l'Argentin. Le Bureau de l'égalité fait partie de son département. «La Suisse en a toujours besoin, il y a encore beaucoup de choses à faire dans ce domaine», explique-t-elle. De plus, il remet en question la nécessité d'un filet de sécurité social. Or, nous ne pourrions pas y renoncer.»
Pour Javier Milei, un filet de sécurité sociale est déjà une émanation du socialisme. Et c'est vers cela que l'Occident se tourne de plus en plus. «C'est ridicule», estime le président argentin. L'exemple de l'Argentine montre les conséquences de l'imposition de limites au libre marché. «Peu importe la quantité de ressources naturelles que vous avez, le niveau d'éducation de votre population, la quantité d'or que vous avez à la banque centrale.»
«Javier Milei n'est pas un grand orateur»
Après le discours de Javier Milei, nombreux sont ceux qui ne veulent pas se prononcer sur les déclarations du président argentin. Thomas Jordan, président de la Banque nationale suisse (BNS), par exemple, refuse en souriant. Rappelons que l'un des projets de Javier Milei est de supprimer la Banque nationale d'Argentine.
L'ancien patron de Nestlé, Peter Brabeck, se montre plus enclin à la discussion. «C'est un provocateur, mais son cri d'alarme arrive à point nommé», déclare-t-il. «L'ordre économique en Suisse a longtemps été libéral, mais chez nous aussi, l'État devient de plus en plus influent. On oublie qu'en tant qu'entrepreneur prospère, je crée des valeurs pour la société. Plus je travaille de manière rentable, plus je paie d'impôts, je forme des gens et je crée des emplois.»
Le conseiller national UDC Roland Rino Büchel était également assis dans la salle. Il a lui-même vécu un certain temps en Argentine dans les années 90. Plus tard, il a même eu affaire à Javier Milei dans le cadre de son travail. «J'ai vécu personnellement en Argentine ce que c'est que d'avoir de l'argent qui se dévalue chaque jour de 10% supplémentaires», explique le Saint-Gallois. Dans le discours de Javier Milei, il faut aussi tenir compte d'où il vient. «Il n'est pas un beau parleur, ni un grand orateur», constate Rino Büchel. Le discours lui a tout de même plu. «Il est nécessaire que quelqu'un tende pour une fois un miroir à l'Occident.»
Discordance sur l'écologie
Le fondateur du WEF Klaus Schwab se livre lui aussi à des éloges du président argentin. Il félicite ce dernier pour sa victoire électorale lorsqu'il l'annonce sur scène, le qualifie de «personne extraordinaire». Il est compréhensible que Klaus Schwab témoigne une bienveillance déterminée à l'égard de ses invités du WEF, mais que celui qui donne depuis des années une touche verte à son forum, tienne de tels propos sur un négationniste du changement climatique a de quoi interloquer.
Les déclarations de Javier Milei au WEF peuvent polariser. Mais la grande majorité des participants au WEF sont d'accord sur un point: l'attitude simple et proche du président argentin est rafraîchissante. À la fin de son discours, Javier Milei ne quitte pas la scène par l'entrée latérale, comme d'autres orateurs. Au lieu de cela, il se dirige tout droit vers le public, serre des mains, distribue des accolades.
Cette force, l'ancien professeur d'économie la déploie également auprès du peuple: Contrairement à d'autres chefs d'État, il ne s'est pas rendu à Davos dans un jet gouvernemental – mais sur un vol de ligne de Lufthansa en classe économique.