Cela fait à peine un mois que Beat Jans a été élu conseiller fédéral. Le Bâlois représente désormais la Suisse au WEF. Son agenda est si chargé qu'il a décidé de rencontrer Blick en marchant.
Beat Jans est arrivé lundi soir à Davos dans un train spécial en compagnie de Volodymyr Zelensky. Le conseiller fédéral a été impressionné par les mesures de sécurité mises en place pour protéger le président ukrainien. Lui-même n'est accompagné que discrètement par un garde du corps. A ses côtés, on a pu apercevoir sa femme Tracy.
En pleine discussion avec Blick, Beat Jans croise par hasard le patron de Novartis Vas Narasimhan, qu'il connaît bien. Les deux hommes habitent dans le même quartier de Bâle, nous précise-t-il. Poignée de main franche, discussion tranquille, puis le nouveau chef du Département de la justice et police se dirige vers le palais des congrès.
Beat Jans, vous êtes déjà venu au WEF, il y a une vingtaine d'années, vous vous en souvenez?
Oui, bien sûr! Je m'y suis rendu pour l'organisation de protection de l'environnement Friends of the Earth. A l'époque, le WEF n'était pas encore si développé et il n'était pas du tout public. Personne ne savait ce qui s'y passait. Il s'agissait d'attirer l'attention des entreprises sur leur responsabilité.
On pourrait dire que vous avez dû vous glisser dans la peau du «gros capitaliste» pour venir sur le site. Aujourd'hui, vous faites partie de cette élite que vous veniez titiller autrefois...
(Rires) Le WEF a beaucoup changé. Il y a désormais beaucoup de bonnes initiatives. Mais je dois toujours m'habituer à cette «haute société».
Vous n'êtes donc pas vraiment à l'aise?
Eh bien, je me sentirais plus à l'aise lors d'un match de hockey. (Rires) Mais c'est très utile et inspirant. J'ai rencontré beaucoup de gens avec lesquels je travaillerai à l'avenir. Dans le domaine de la migration en particulier, les contacts avec d'autres ministres sont importants.
Quelle rencontre a été la plus utile pour vous? Celle avec le ministre irakien des Affaires étrangères, avec lequel vous avez parlé d'un accord sur la migration?
En tant que ministre de la Justice, je suis en effet responsable de thèmes très différents, et je suis notamment co-responsable du dossier européen. La rencontre avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a donc été très précieuse. J'ai également eu l'occasion de m'entretenir avec Volodymyr Zelensky, ce qui a également primordial pour la suite de mon travail. Mais il est clair que pour mon département, les deux rencontres avec le vice-Premier ministre irakien puis la ministre belge de la Sécurité et de la Justice ont été très pertinentes.
La Suisse a tout intérêt à conclure un accord migratoire avec l'Irak. Mais ce pays peut-il vraiment être un partenaire fiable?
Rien que l'année dernière, 134 Irakiens qui étaient en situation irrégulière en Suisse ont dû quitter le territoire. 91 d'entre eux sont effectivement retournés au pays. La collaboration fonctionne donc bien aujourd'hui. Si l'on peut sceller cela, il y a une chance de trouver une solution durable.
Il est par ailleurs prévu que la Suisse soutienne à l'avenir des projets pour les rapatrier. De quoi s'agit-il concrètement?
Il s'agit de pouvoir garantir que les personnes concernées soient en sécurité lorsqu'elles rentrent chez elles. Il faut que les Droits de l'homme soient respectés. En outre, elles doivent aussi avoir des perspectives économiques. On pourrait par exemple imaginer de l'aide pour que ces personnes puissent construire quelque chose de concret, afin qu'elles ne soient pas obligées de prendre à nouveau la fuite. Nous travaillons pour ce faire en collaboration avec l'Allemagne.
Vous avez repris le Département de la justice à votre collègue de parti Elisabeth Baume-Schneider. Souhaitez-vous mener la barque de manière différente?
Je suis encore en train de me familiariser avec ma nouvelle activité. Je répondrai à cette question après cent jours de fonction.