Les supermarchés russes sont en pleine crise. Peu à peu, tous les rayons se vident. Et là où il y a encore des produits à disposition, on trouve un panneau d’information sur lequel est inscrit: «Il est important qu’il y ait suffisamment de marchandises pour tout le monde. Nous sommes obligés d’introduire des restrictions temporaires pour les marchandises très demandées», notamment le blé, la farine et le riz. Depuis quelques jours, lorsqu’ils font leurs courses, les Russes ressentent très concrètement les conséquences de la guerre que leur président a déclarée à l’Ukraine.
L’approvisionnement de base semble en effet massivement perturbé par la campagne ukrainienne. Apparemment, Vladimir Poutine doit déjà rationner les denrées alimentaires, comme le rapporte le grand quotidien allemand «Bild». A cela s’ajoutent les sanctions de l’Occident. «Elles ont déjà des effets dramatiques», comme l’a affirmé lundi en Lituanie le ministre américain des Affaires étrangères Anthony Blinken.
Etant donné que la note de crédit de la Russie se rapproche dangereusement de zéro et que le rouble est tombé au plus bas, il n’est pas étonnant que la bourse soit hors service depuis quelques jours.
Les contrôles à l’exportation doivent tordre le cou à la Russie
Mais ce n’est pas tout. Le ministre américain des Affaires étrangères veut encore en rajouter une couche avec des contrôles à l’exportation. Un coup dur pour l’économie russe. Car le pays perdrait ainsi l’accès aux technologies les plus importantes. Et c’est justement ce dont la Russie a besoin pour moderniser son économie.
Les secteurs de la défense et de l’énergie ainsi que l’industrie aéronautique et spatiale seraient particulièrement touchés. «Cela aura des conséquences massives au fil du temps», souligne Anthony Blinken.
Son homologue lituanien, Gabrielius Landsbergis, veut lui aussi prendre des sanctions sévères contre la Russie. Lors de la conférence de presse commune, il a averti que l’économie russe n’était pas encore suffisamment isolée. «Nous devons donc colmater toutes les brèches possibles», a-t-il déclaré en référence aux tentatives de contournement des sanctions toujours en cours de la part de la Russie.
Pour Gabrielius Landsbergis, il est clair qu’il faut mettre fin aux importations d’énergie en provenance de Russie. Jusqu’à présent, les exportations de pétrole et de gaz sont encore exclues des sanctions. Mais si l’on en croit le ministre des Affaires étrangères lituanien, cela devrait changer. «Les ressources énergétiques que nous utilisons permettent à la Russie de financer ses opérations militaires. Nous ne pouvons pas payer le pétrole et le gaz avec le sang ukrainien».
«Les sanctions font vraiment mal à Poutine»
Outre les deux ministres des Affaires étrangères, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen s’est également exprimée lundi sur les sanctions contre la Russie. «Les sanctions mordent très fort, on le remarque», a-t-elle déclaré sur une radio allemande. L’UE a réagi rapidement et de manière unie. Cela porte aujourd’hui ses fruits. Les sanctions font «vraiment mal» à Vladimir Poutine et à l’économie russe.
L’UE doit devenir le plus rapidement possible moins dépendante du gaz de Poutine, estime Ursula von der Leyen. On cherche actuellement des alternatives au gaz russe. Il faut maintenant investir avec force dans les énergies renouvelables que sont le vent, le soleil et l’hydrogène. Une entreprise toutefois difficile, coûteuse… et pas immédiate.
La présidente de la commission se montre néanmoins optimiste. «Nous sommes maintenant dans une situation où, si le président Poutine coupait demain les livraisons de gaz, nous serions indépendants pour cet hiver». Il y a quelques semaines, ce n’était pas encore le cas, selon Ursula von der Leyen. (ced)