Bachar al-Assad, tristement célèbre pour l'utilisation d'armes chimiques contre son propre peuple durant les treize années de guerre civile, a été renversé dimanche. Le «boucher de Damas» laisse derrière lui un arsenal susceptible de tomber entre les mains de groupes rebelles, dont certains liés à Daech et Al-Qaïda, rapporte le «New York Times» le 9 décembre. Cette situation suscite une inquiétude croissante au sein de la communauté internationale.
La semaine dernière encore, les renseignements américains surveillaient des sites soupçonnés de stocker de telles armes, redoutant que les forces gouvernementales syriennes ne les utilisent contre les rebelles. Aujourd'hui, ils craignent ces groupes. De son côté, l'armée israélienne a confirmé avoir mené, le lundi 9 décembre, des frappes aériennes sur des sites censés abriter des armes chimiques en Syrie, afin d'éviter qu'elles ne «tombent entre les mains des extrémistes». Blick fait le pointe de la situation.
Reste-t-il des armes chimiques?
En 2013, l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) a été chargée de superviser la destruction des stocks déclarés par le régime syrien. Plus de 1'100 tonnes de gaz toxiques, dont le sarin, le VX et le gaz moutarde, ont ainsi été démantelées. A l'époque déjà, l’OIAC exprimait des doutes sur l’exhaustivité de l’inventaire fourni par Damas. Des soupçons qui, malheureusement, se sont avérés fondés.
En 2017, un bombardement chimique à Khan Cheikhoun, attribué aux forces syriennes, a causé la mort de près de 80 civils. L’horreur s'est répétée en 2018, avec une nouvelle attaque chimique près de Damas qui a tué une cinquantaine de personnes. En réponse, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France ont frappé des installations liées au régime de Bachar al-Assad. Mais selon des responsables américains, ces opérations n’auraient pas suffi à éliminer toutes les armes chimiques du régime syrien.
Combien d'armes chimiques?
Interrogé par le «New York Times», Ralf Trapp, expert en désarmement chimique et biologique, estime que la Syrie ne disposerait plus que de quantités limitées d'armes chimiques. Il fonde cette hypothèse sur la diminution notable de leur utilisation par le président syrien depuis 2014. «Nous n'avons pas observé d'attaques massives au gaz sarin», précise-t-il en référence aux incidents de 2017 et 2018. «Il s'agit de l'emploi d'un petit nombre de grenades. Je ne serais donc pas surpris que les stocks restants soient assez réduits», conclut-il.
Les armes chimiques sont-elles utilisables?
Selon l'expert en désarmement chimique, les armes chimiques ne sont pas aisément utilisables, en raison de leur mode de stockage. Les substances nécessaires, comme celles du gaz sarin, sont particulièrement volatiles et ne peuvent être intégrées dans une ogive que quelques heures avant leur déploiement.
Il se veut rassurant pour la suite: «A moins qu’un groupe armé ne maîtrise la recette, la méthode de mélange et les précautions pour le faire sans se tuer, je reste sceptique quant à leur capacité à transformer un tel stock en une arme opérationnelle.»
Comment assurer la sécurité?
L'OIAC a annoncé lundi qu'elle suit des près la situation en Syrie. Il est très probable qu'une fois le nouveau gouvernement en place, l'organisation tentera à nouveau de détruire les armes chimiques restantes dans le pays.