Des scènes surréalistes
Après 5 ans d'isolement, les touristes découvrent une Corée du Nord glaçante

Après cinq ans de fermeture, les premiers touristes étrangers ont pu pénétrer en Corée du Nord. Encadrés en permanence, ils ont découvert des scènes surréalistes et un pays affaibli par la pandémie de Covid-19.
Publié: 10:35 heures
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Dernière mise à jour: 11:16 heures
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La vue depuis l'hôtel nord-coréen dans la ville de Rason de Mike O'Kennedy
Photo: Youtube / Mike Okay
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Solène MonneyJournaliste Blick

Ne pas insulter les dirigeants, ne pas critiquer l’idéologie, ne pas juger le mode de vie. Ces consignes sont lues aux rares touristes avant de franchir la frontière chinoise pour entrer dans le pays le plus fermé et répressif au monde: la Corée du Nord. Cinq ans après la fermeture due au Covid, les premiers visiteurs étrangers retrouvent un territoire où tout est contrôlé. Pas de connexion téléphonique, pas d’Internet, pas de distributeurs de billets. Le programme est strict et les moindres déplacements sont surveillés.

Durant quatre jours, quelques Occidentaux en quête de frissons ont exploré Rason, une ville isolée à la frontière chinoise, laboratoire d’une ouverture économique où le capitalisme est timidement toléré. Mais l’illusion de liberté est vite dissipée. Chaque visite est pré-approuvée, chaque pas encadré. Même aller aux toilettes devient suspect. Ces premiers touristes ont raconté leur expérience surréaliste au pays de Kim Jong Un à la BBC, samedi 1 mars. 

Des enfants devant des missiles

Le Youtubeur britannique Mike O'Kennedy raconte son étonnement face à l’omniprésence des guides: «J’ai dû leur signaler plusieurs fois que je voulais aller aux toilettes.» Entre une usine de bière, une école et une pharmacie flambant neuve, l’itinéraire est savamment étudié.

Lors d’une visite scolaire, une scène glaçante se déroule: des enfants de huit ans, cravate rouge au cou, chantent et dansent devant un écran géant diffusant des images de missiles et d’explosions. 

Autre moment fou: une «visite surprise» d’un marché de produits de luxe. Jeans, parfums, faux sacs Louis Vuitton et même des machines à laver japonaises y sont exposés. Pourtant, interdiction de prendre des photos. Joe Smith, un habitué du pays, pense que cette bulle de consommation est volontairement cachée au reste du pays.

Bribes de la vie réelle

Si la Corée du Nord s’ouvre timidement au tourisme, l’accès à la population reste quasi impossible. Pas question de flâner dans les rues ou de discuter avec les habitants. Mais Mike O'Kennedy a capté quelques scènes du quotidien: «Tout le monde travaillait, personne ne traînait. C’était assez déprimant.»

Le Covid est l’excuse avancée pour ces restrictions accrues. Le pays, durement frappé par la pandémie, maintient un contrôle rigide. Et les réglementations strictes mises en place se feraient sentir jusque dans la ville touristique de Rason quelque peu laissée à l'abandon: «Les lieux étaient faiblement éclairés et il n'y avait pas de chauffage, sauf dans nos chambres d'hôtel. Les routes sont horribles, les trottoirs sont bancals et les bâtiments sont bizarrement construits», décrit Joe Smith, comparant sa chambre démodée et sale au «salon de sa grand-mère».

Quelques infos du monde

Face aux étrangers, seuls les guides locaux peuvent interagir. Malgré la propagande omniprésente, certains montrent une relative ouverture, connaissant les sanctions économiques de Trump, la guerre en Ukraine et même l’envoi de soldats nord-coréens en Russie. Mais ils ignorent la chute de Bachar al-Assad. «Je lui ai expliqué que parfois, quand un peuple n’aime pas son dirigeant, il se révolte et le force à partir. Il ne m’a pas cru», confie Joe Smith.

Un rappel brutal que, même si la Corée du Nord s’autorise quelques visites étrangères, Kim Jong Un garde la main sur tout. Dans ce pays où plus de 40% de la population souffre de malnutrition, les rares visiteurs repartent avec une certitude: ici, la liberté est sous contrôle très stricte.

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