A quatre jours des funérailles grandioses de la souveraine, décédée le 8 septembre à 96 ans, le flux de visiteurs est resté ininterrompu à Westminster Hall.
La queue dépassait jeudi sept kilomètres, soit une attente de huit heures, pour accéder à la plus vieille salle du Parlement où gît la souveraine dans un cercueil de chêne, sur un imposant catafalque surmonté de l'étincelante couronne impériale. Certains baissent la tête en signe de respect, d'autres lancent un baiser, font une petite révérence ou essuient une larme.
«Le poids de l'histoire»
«C'était très beau. Très émouvant. Très silencieux. Il y a le poids de l'Histoire», confie Sarah Mellor, visiblement émue. Après avoir patienté sept heures, elle a «juste dit merci» à la reine.
Après son décès en Ecosse et une dernière nuit au palais de Buckingham mardi soir, la dépouille de la reine a rejoint Westminster au terme d'une procession solennelle dans le centre de Londres mercredi, menée par le roi Charles III, ses frères et soeur et ses enfants William et Harry.
Désormais héritier du trône, le prince William s'est recueilli jeudi avec sa femme Kate à la résidence Sandringham, dans l'Est de l'Angleterre, où la reine aimait passer Noël. Il y a fait part des douloureux souvenirs qu'avait fait remonter la marche funéraire, 25 ans après le décès de sa mère Diana.
William très ému
«La procession hier a été une épreuve. Ça a fait remonter des souvenirs», a affirmé selon des images de Sky News William à des Britanniques venues le saluer.
«Il nous a dit à quel point ça avait été difficile hier car ça a fait remonter les souvenirs des funérailles de sa mère», a indiqué Jane Wells, 54 ans, présente à Sandringham, citée par l'agence PA.
William, alors âgé de quinze ans, avait ému le monde en 1997 en marchant au côté de son frère Harry, douze ans, derrière le cercueil de sa mère, décédée à Paris après avoir été pourchassée par les paparazzis.
Roc de stabilité dans les crises et les changements, Elizabeth II, qui s'est éteinte en Ecosse après un règne long de plus de 70 ans - un record au Royaume-Uni - a été une image rassurante pour des millions de Britanniques durant son règne.
Restrictions draconiennes
«Je pense qu'on n'aura plus jamais une monarque comme elle», avance Rupa Jones, une Londonienne de 43 ans vêtue de noir, qui a patienté six heures et demie dans la nuit pour défiler devant le cercueil.
Anticipant une queue pouvant atteindre une quinzaine de kilomètres, les autorités ont prévenu de «restrictions draconiennes», dignes des aéroports. Le public ne peut notamment apporter qu'un petit sac et aucune nourriture, boisson, fleurs ou photo ne sont autorisées.
Ils seront rejoints vendredi par les enfants de la reine, dont le roi Charles III, qui se recueilleront à 19h30 (heure suisse) lors d'une «veillée des princes».
Lundi, décrété jour férié, l'affluence s'annonce massive pour les funérailles d'Etat, les premières depuis la mort de Winston Churchill en 1965, un énorme défi sécuritaire auquel Londres se prépare fébrilement.
Elles auront lieu à 11h00 (heure suisse) à l'abbaye de Westminster en présence de plus de 2000 invités, dont des centaines de dignitaires étrangers et têtes couronnées, et 200 Britanniques décorés par la reine pour leur engagement associatif ou dans la réponse à la pandémie de Covid-19.
Première journée sans engagement pour Charles III
Une fois qu'aura retenti le «Last Post», hommage aux soldats tombés au combat dans l'armée britannique, deux minutes de silence seront respectées, vers 12h55.
La mise en terre interviendra à 19h30 locales lors d'une cérémonie réservée aux membres proches de la famille à la chapelle Saint-Georges du château de Windsor, en périphérie ouest de la capitale.
En attendant ce dernier adieu, Charles III, 73 ans, s'est retiré jeudi dans sa résidence de campagne de Highgrove pour sa première journée sans engagement officiel depuis son accession au trône.
Avec la reine consort Camilla, le roi se rendra vendredi au Pays de Galles, dernière étape de leur tournée des quatre nations constitutives du Royaume-Uni après l'Angleterre, l'Ecosse et l'Irlande du Nord.
Plus âgé que tous les souverains britanniques au moment de leur accession au trône, il s'installe dans ses fonctions à une période difficile pour le Royaume-Uni tout juste doté d'une nouvelle Première ministre, Liz Truss, et plongé dans une crise sociale et économique. Longtemps faible, la cote de popularité du nouveau roi a monté en flèche depuis son accession au trône.
(ATS)